Responsable du financement du PLQ pour l'est du Québec depuis 25 ans, Franco Fava intervient directement auprès des ministres pour obtenir des nominations, raconte un témoin direct des tractations de l'entrepreneur de la capitale.

Un avocat montréalais, candidat à un poste de «membre» du Tribunal administratif du Québec (TAQ), s'est heurté au refus du ministère de la Justice, où on lui a rappelé le cheminement normal des candidatures.

 

Un de ses proches, la source de La Presse, a soulevé le problème dans une réunion avec Franco Fava. «Il a dit: «Donne-moi une minute, je vais faire un appel.»» Fava a passé un coup de fil à un ministre, puis a indiqué: «Tu vas en avoir des nouvelles rapidement...» Deux semaines plus tard, mon homme a été nommé au TAQ!» a expliqué cette source, une personnalité en vue du monde des affaires de la métropole.

Joint hier par La Presse, M. Fava, qui se décrit comme un «collecteur libéral depuis 1983», a nié être intervenu auprès de qui que ce soit pour obtenir une nomination au tribunal administratif - instance qui permet d'en appeler de la décision d'un organisme du gouvernement du Québec.

«Je n'ai jamais appelé de ministre à ma connaissance. Peut-être quelqu'un m'a déjà abordé pour une nomination à la Commission des lésions professionnelles, à la CSST, où j'ai été pendant 20 ans. Je disais qu'il y avait des processus à suivre!» soutient l'entrepreneur de Québec. Dans ses entrevues-chocs, Marc Bellemare a soutenu qu'un des financiers du PLQ de la région de Québec lui avait demandé de nommer trois personnes à des postes de juge à la Cour du Québec, sous prétexte qu'il fallait «s'occuper de notre monde».

Sans détour, M. Fava indique comprendre que c'est à lui que faisait allusion Me Bellemare quand il a parlé d'un important argentier libéral de la région de Québec. Mais il ne veut pas se mêler de ce qui est, pour lui, une vieille querelle entre Me Bellemare et le premier ministre Jean Charest.

Vendetta?

Selon Franco Fava, l'ex-ministre Bellemare n'a pas remis en question le mode de financement du PLQ. Sa sortie tient davantage de la vendetta à l'endroit de Jean Charest.

«Marc Bellemare dit à tout bout de champ: «J'en ai parlé au premier ministre...» Qu'il règle ses problèmes avec M. Charest s'il a des frustrations, qu'il règle ses comptes, mais qu'il cesse d'éclabousser tout le monde», a lancé M. Fava.

Il souligne qu'il considérerait des poursuites si l'ex-ministre le prenait à partie.