Le Parti québécois demande au gouvernement libéral de se débarrasser d'une «bébelle»: le Conseil de la fédération.

Cet organisme a été fondé à l'instigation de Jean Charest en 2003, pour regrouper les provinces et améliorer leurs rapports de forces dans leurs négociations avec Ottawa.

«Les négociations Québec-Ottawa, ça ne fonctionne pas», a dénoncé en conférence de presse mercredi le député péquiste de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, porte-parole aux Affaires intergouvernementales canadiennes.

«Il y a plus de 8 milliards $ de litige avec le gouvernement fédéral, et la facture ne se réduit pas. (...) On se tourne vers Ottawa, et en bout de course, on n'a pas de résultat. Quand on n'a pas de résultat, et qu'on a créé un organisme administratif qui, de tout évidence, ne sert à rien, alors il faut revoir sa façon de faire.»

Au titre des créances réclamées à Ottawa figurent entre autres 2,2 milliards $ pour l'harmonisation TPS-TVQ, 1 milliard $ qui n'est plus versé en vertu du nouveau calcul de péréquation et 664 millions $ qui seront retranchés l'an prochain, toujours en péréquation.

De même, deux des objectifs principaux du Conseil n'ont toujours pas été atteints, soit le rétablissement du transfert fédéral en éducation et la limitation du pouvoir fédéral de dépenser.

L'opposition péquiste suggère donc d'abandonner l'organisme, à l'instar de la trentaine d'organismes abolis dans le budget Bachand, et de revenir à des négociations bilatérales, de nation à nation, entre Québec et Ottawa.

«On ne sent pas de porteur de ballon et on ne sent pas de volonté à régler les litiges avec le gouvernement fédéral», a déploré M. Cloutier, qui dit ignorer pourquoi le premier ministre Jean Charest ne se bat pas pour réclamer sa part de fonds fédéraux.

Il a évoqué entre autres un jugement obtenu par le Québec en Cour fédérale enjoignant Ottawa de lui payer 137 millions $ en stabilisation des revenus, mais que la province n'arrive toujours pas à faire respecter.

Le chef libéral Jean Charest s'est dit «mystifié» par les récriminations péquistes en matière de péréquation.

Ils (les péquistes) veulent se séparer du Canada, mais veulent l'argent du Canada, a-t-il répliqué, mercredi, au cours d'une activité à Bromont.

Un porte-parole du ministère des Affaires intergouvernementales, Pascal D'Astous, s'est dit «surpris» de la sortie du PQ, tout en reconnaissant qu'elle était dans le registre habituel des souverainistes.

Selon lui, le Conseil de la fédération est un bon outil. L'entente fédérale-provinciale sur le financement de la santé, l'étude sur le déséquilibre fiscal, les avancées en matière de commerce interprovincial sont notamment citées au nombre des réalisations des réunions du Conseil de la fédération.

Par ailleurs, M. D'Astous a fait valoir que le gouvernement libéral a réussi à obtenir près de 6 milliards $ en transferts fédéraux depuis 2003, tandis que les gouvernements péquistes ont obtenu 1,2 milliard $ au cours de la période précédant 2003.

«Notre façon de faire fonctionne mieux», a insisté le porte-parole, qui a expliqué que les négociations se poursuivent avec le fédéral en ce qui concerne des montants en souffrance.

«Le porteur de ballon, c'est tout le gouvernement du Québec», a-t-il conclu.