Le budget a suscité une avalanche de critiques de la part des groupes de la société civile, qui craignent l'appauvrissement des ménages à faible et à moyen revenus. Les milieux des affaires et des arts, eux, s'en sont dits satisfaits.

Les organismes, associations et syndicats s'alarment particulièrement des hausses de taxes et de tarifs prévues dans le budget qu'a présenté hier le ministre des Finances, Raymond Bachand.

 

D'ici quatre ans, les Québécois devront supporter des augmentations de la TVQ, de la taxe sur les carburants et des tarifs d'électricité, en plus de verser une nouvelle contribution annuelle pour financer le système de santé.

«En agissant ainsi, le gouvernement puise dans le portefeuille des familles et des plus démunis pour financer ses cadeaux aux privilégiés», a déclaré Régine Laurent, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec.

Ces mesures auront des effets socio-économiques «néfastes», selon Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l'Institut de recherches et d'informations socio-économiques (IRIS).

«Pour un couple avec deux enfants ayant 50 000$ de revenu disponible, les augmentations de ce budget représentent au bas mot 534$ de tarifs et taxes supplémentaires par année, a-t-elle dit. Même avec le nouveau crédit d'impôt qui avantage légèrement les plus démunis, ces mesures restent régressives.»

L'intention du gouvernement d'imposer un ticket modérateur pour les soins médicaux a également suscité des appréhensions, notamment parmi les groupes de défense des consommateurs et les associations de personnes âgées.

«Déjà affaiblis par les pertes constantes de leur pouvoir d'achat, les aînés ne veulent pas retourner 40 ans en arrière», a déclaré Mariette Gélinas, présidente de l'AREQ, qui représente 53 000 retraités des services publics.

Syndicats et étudiants

Les centrales syndicales ont monté au créneau pour dénoncer les compressions qui toucheront le secteur public. Elles s'inquiètent particulièrement de la politique selon laquelle, parmi le personnel administratif de la santé et de l'éducation qui partira à la retraite, on ne remplacera qu'un employé sur deux.

Cette mesure «ouvre grande la porte à la sous-traitance et à une privatisation accrue», a estimé le président de la FTQ, Michel Arsenault, qui a qualifié le nouveau budget de «destructeur».

«Ces départs ne se feront pas sans conséquence sur la qualité des services», a pour sa part déclaré la porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP), Dominique Verreault.

De leur côté, les fédérations étudiantes universitaires et collégiales ont exprimé leur inquiétude au sujet de la nouvelle hausse des droits de scolarité prévue pour 2012. Elles s'étonnent que le gouvernement ait pris cette décision avant la tenue du forum sur l'éducation, prévu l'automne prochain.

«On annonce un forum pour consulter la population sur les frais, mais on nous annonce à l'avance la conclusion. C'est comme nous demander: vous la voulez où, votre claque sur la gueule?» a lancé le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Xavier Lefebvre Boucher.

Rappelons que les étudiants font déjà face à une hausse des droits de scolarité de 6% par année depuis 2007.

Artistes et gens d'affaires

Malgré tout, le budget a fait des heureux. Les associations de gens d'affaires ont salué la volonté du gouvernement Charest de réduire ses dépenses et de prélever de nouveaux revenus.

«On sent clairement une amorce de virage afin de remettre en question certaines vaches sacrées», a déclaré Norma Kozhaya, économiste en chef du Conseil du patronat du Québec.

La Fédération des chambres de commerce du Québec a qualifié l'exercice budgétaire de «responsable», tandis que la jeune chambre de commerce de Montréal s'est réjouie des mesures visant à rembourser la dette.

Le milieu culturel est généralement satisfait du budget, qui prévoit une légère hausse des fonds alloués à la culture.

« Nos attentes n'étaient pas élevées, mais globalement, nous avons obtenu ce que nous souhaitions», a indiqué le président de l'Union des artistes (UDA), Raymond Legault.

M. Legault s'est réjoui de la reconduction du programme de 3 millions pour l'aide aux tournées internationales et de l'enveloppe de 10 millions en prêts pour les institutions culturelles.