À la veille d'une grande manifestation des employés des secteurs public et parapublic, samedi, à Montréal, Québec appelle le Front commun intersyndical à entreprendre un blitz de négociations.

«Mon téléphone rouge est sur mon bureau maintenant. C'est ma priorité de tous les instants», a déclaré en entrevue à La Presse Canadienne la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay.

La ministre a dit croire qu'il fallait accélérer les pourparlers afin d'en arriver à une entente d'ici le 31 mars prochain, date proposée à l'origine par les dirigeants syndicaux.

«Vous savez, parfois on négocie pendant deux ans et on règle en deux semaines, a expliqué la ministre. Alors, il nous reste encore 13 jours. Je pense que s'il y a vraiment une volonté, et je sens qu'il y a une volonté de part et d'autre, moi je pense qu'on peut y arriver (...) Nous avons mis trop d'efforts depuis le mois de juin pour ne pas s'entendre.»

Mme Gagnon-Tremblay souhaite que les discussions progressent de façon marquée au cours des prochains jours, tant à la table centrale qu'aux tables sectorielles, ajoutant toutefois que les négociations doivent se dérouler sur des «bases plus réalistes».

«Les demandes syndicales sont de l'ordre de 8 milliards de dollars. Bien sûr qu'on ne pourra pas répondre à toutes ces demandes», a-t-elle précisé, tout en rappelant que le gouvernement prévoit un retour à l'équilibre budgétaire d'ici 2013-2014.

Elle soutient que le gouvernement est disposé à traiter des priorités syndicales, mais elle ajoute que le Front commun doit lui aussi être ouvert à discuter des priorités patronales, «sinon la négociation ne pourra pas avancer».

Le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent, s'est dit tout à fait prêt à accélérer les discussions mais n'a pas caché son scepticisme devant le moment choisi pour cet appel.

«On a vécu (la même chose) en février, a-t-il rappelé. On avait un grand rassemblement du Front commun. À quelques jours de ce rassemblement, la présidente du Conseil du trésor nous avait convoqués pour nous parler d'intensification des tables sectorielles: il ne s'est rien passé depuis ce temps en termes d'intensification. Maintenant, on a une manifestation nationale du Front commun et oups! Soudainement, à 24 heures de la manifestation, on sort un lapin du chapeau pour dire «Ah! Je suis prête pour le blitz. On verra.»

M. Parent, dont la centrale était réunie en Conseil général à Montréal, n'a d'ailleurs pas caché que l'échéance du 31 mars lui apparaissait de moins en moins réaliste, bien que toujours possible. Il a ajouté à cet effet qu'un retard de quelques heures ou quelques jours ne serait pas un problème.

«Ce n'est pas la fin du monde après le 31 mars. Il va y avoir un 1er avril et un 2 avril. Le premier objectif c'est d'avoir une convention satisfaisante et si ça prend quelques heures ou quelques jours de plus, on le fera.»

Quant à l'invitation de la ministre à négocier sur des bases plus réalistes, M. Parent a dit n'y voir aucun problème. «Nos membres sont réalistes. Pour avoir fait le tour de la province depuis un mois et demi; il n'y a personne qui va être désolé et il n'y a personne qui croit qu'on va régler sur nos demandes initiales.»

En contrepartie, il a répété que les syndiqués n'accepteront pas de nouveaux reculs et a invité le gouvernement Charest à négocier de bonne foi. «Vous avez décrété en 2005, vous avez pu vous faire tous les plaisirs, mais vous ne pouvez pas demander à des gens de continuer à détériorer volontairement leurs conditions de travail, à rendre ça intenable quand on connaît chez le personnel les taux de détresse psychologique, l'épuisement professionnel, la précarité», a déclaré le chef syndical.