Le gouvernement du Québec ne tolérera pas que le projet de la Romaine soit retardé à cause des tensions syndicales actuelles.

«C'est un chantier de 6,5 milliards; Hydro et le gouvernement ne toléreront pas que le chantier soit fermé», a prévenu mercredi la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau.«C'est important pour l'économie du Québec que ce chantier puisse reprendre rapidement. Hydro s'est imposé des échéanciers, il y a un coût, et chaque journée qui passe sans travailleurs fait augmenter les coûts», a-t-elle rappelé.

Elle n'a pas précisé quels recours Québec utiliserait. «On va bouger très rapidement», a-t-elle affirmé.

Lundi, une cinquantaine de travailleurs avaient dressé des piquets devant l'entrée du projet de la Romaine, sans en bloquer l'accès toutefois.

Le ministre du Travail, Sam Hamad, croit qu'il est grand temps de nettoyer en les vérifiant toutes les allégations qui pèsent sur les relations du travail dans les chantiers de cette région. «La situation est très préoccupante sur la Côte-Nord, pas uniquement dans les chantiers, mais pour l'ensemble de la population», a-t-il dit. Il n'a pas voulu commenter les déclarations des représentants de la FTQ Richard Goyette et Normand Gauthier. Il a soutenu que, à sa demande, la Commission de la construction du Québec avait envoyé quatre inspecteurs - dont l'inspecteur-chef - dans cette région.

Déjà la semaine dernière, la CCQ avait fait savoir que trois personnes seraient envoyées sur la Côte-Nord pour faire enquête sur quatre plaintes d'intimidation.

Les allégations de corruption chez les entrepreneurs seront vérifiées.

«Notre objectif à très court terme est de sortir les pommes pourries, le plus vite possible. C'est pourquoi on augmente les efforts: plus de 100 personnes ont été interrogées sur la Côte-Nord», a dit le ministre. Il a encouragé «chaque travailleur qui vit une situation d'intimidation à la dénoncer le plus vite possible». Pas question d'enquête pour l'instant. «Ça ne donne rien de jouer dans le système tant que les pommes pourries s'y trouvent», a-t-il expliqué.

Le critique du Parti québécois en matière de travail, François Rebello, estime pour sa part que le ministre Hamad met la charrue devant les boeufs: «Comment le ministre croit-il qu'on va découvrir les pommes pourries sans commission d'enquête? En déposant un projet de loi de «mesurettes» sans avoir fait avant une commission d'enquête, il décide du remède avant d'avoir trouvé le bobo!»