Jean Charest accuse Pauline Marois de «déshonorer la classe politique» lorsqu'elle fait un lien entre son refus d'instituer une enquête publique sur l'industrie de la construction et le salaire que lui verse le Parti libéral du Québec.

En marge d'une messe tenue dimanche matin pour célébrer la Saint-Patrick, le premier ministre a écorché la chef de l'opposition qui, la veille, avait dérogé à la tradition parlementaire en mettant en cause son intégrité personnelle.

«Elle avait annoncé au début de la semaine dernière qu'elle allait changer sa personnalité pour devenir une tueuse en politique, a affirmé Jean Charest. Je peux seulement conclure que c'est le résultat de sa décision de prendre une approche qui, malheureusement, déshonore la classe politique.»

Samedi, la leader souverainiste s'est demandé pour qui travaillait le premier ministre: pour les Québécois ou pour «ses amis» du PLQ. Elle a indiqué que le traitement annuel de 75 000$ que M. Charest reçoit de son parti en plus de son salaire public de 183 000$ soulève des questions sur son indépendance et sur son intégrité. S'il hésite à déclencher une enquête, a-t-elle ajouté, c'est qu'il craint de «mordre la main qui le nourrit».

Mme Marois «a la mémoire courte», a rétorqué Jean Charest, faisant valoir que le PLQ n'est pas le seul parti à verser un salaire à ses élus. Il a souligné que le PQ a lui aussi donné des allocations à André Boisclair ainsi qu'à Richard Legendre avant qu'ils soient élus à l'Assemblée nationale.

D'ailleurs, a-t-il précisé, le traitement qu'il reçoit de son parti n'a aucun lien avec sa décision de ne pas lancer une enquête publique sur le milieu de la construction.

«Le simple fait qu'elle force cette question, c'est regrettable, a-t-il déploré. Évidemment, la réponse, c'est non. Ce n'était pas plus le cas quand André Boisclair recevait un salaire du PQ ou Richard Legendre, quand il était ministre dans le gouvernement du PQ.»

Charest «frileux», selon son ancien ministre

La chef péquiste n'est pas la seule à avoir critiqué Jean Charest dans la foulée des nouvelles révélations sur l'intimidation dans les chantiers de construction. L'ex-ministre de la Justice Marc Bellemare a affirmé au quotidien Le Soleil que le premier ministre est «frileux» devant la FTQ. Ce serait pour cette raison qu'il refuse d'instituer une commission d'enquête.

M. Bellemare estime que le nombre important d'entrepreneurs en construction qui financent le PLQ pousse M. Charest à faire la sourde oreille aux demandes répétées de l'opposition et de la population.

«Le gouvernement du Québec a toujours eu une relation très franche avec la FTQ et avec nos partenaires sociaux, a répondu Jean Charest, dimanche. Le rôle du gouvernement, c'est de s'assurer qu'on agisse de manière équitable avec tous les partenaires, que ce soit les syndicats ou le patronat, et c'est ce que nous faisons.»