La «gangrène» frappe l'industrie de la construction, et seule une commission d'enquête publique pourrait révéler l'ampleur du problème, selon Pauline Marois.

L'ADQ croit pour sa part que l'attentisme du gouvernement Charest devant la crise dévoilée par les médias s'explique simplement: Québec a «peur de la FTQ», résume Sylvie Roy.

Les révélations récentes de Radio-Canada sur l'intimidation qui règne dans les chantiers de construction, ajoutées au mandat d'arrêt lancé contre Jocelyn Dupuis, ex-directeur général de la FTQ-Construction, ont donné un nouveau souffle à l'idée d'une enquête publique sur cette industrie.

«Est-ce que le gouvernement va attendre qu'il y ait un saccage, qu'on se tape sur la gueule avant d'agir?» a demandé Pauline Marois en point de presse, hier en fin de journée. Seule une enquête permettra «d'analyser la situation, de démontrer qu'il y a des systèmes organisés de corruption et d'agir pour les corriger, autant du côté des industries que des syndicats», a-t-elle soutenu. Ceux qui pensaient que, avec le temps, la population se lasserait de demander une telle enquête se sont trompés, dit-elle: «Tout le monde pensait qu'il y aurait diversion à cause du temps des Fêtes; on est revenu avec des demandes aussi fortes.»

Le mandat d'arrêt contre Jocelyn Dupuis est selon elle une goutte d'eau dans l'océan. «Dans l'ensemble de l'industrie, il n'y a pas eu grand-monde d'accusé...» En se contentant d'enquêtes policières, le gouvernement Charest soigne un cancer avec des emplâtres, estime-t-elle.

En marge de l'annonce d'un contrat d'Hydro-Québec avec le Vermont, le premier ministre Charest a dit, au sujet des cas d'intimidation signalés par Radio-Canada: «Si c'est exact, c'est inacceptable. Le gouvernement n'acceptera pas ce genre de comportement, et tous les moyens seront déployés pour assurer que les choses se passent correctement.»

À l'Assemblée nationale, le député péquiste François Rebello avait déjà croisé le fer avec le titulaire du Travail, Sam Hamad, toujours opposé à une enquête publique. «Le ministre va devoir changer d'idée avant qu'on se retrouve avec des saccages dans nos chantiers», a-t-il dit. Les lois adoptées depuis un an, les plus sévères au Canada, ont permis que des accusations soient portées sur l'intimidation dans ce secteur, a rétorqué le ministre Hamad.

Dès le début de la journée, hier, l'ADQ avait placé le dossier de la construction en tête de sa liste. Sylvie Roy, députée de Lotbinière, croit que Québec devrait immédiatement appliquer l'une des recommandations de la commission Cliche, qui remonte à 1974, et instituer un service unique de placement dans la construction pour retirer cette responsabilité des mains des syndicats. La mainmise syndicale entraîne souvent de la discrimination à l'embauche à l'égard des membres des autres centrales, explique-t-elle. La CSN comme le Conseil du patronat sont aussi en faveur de cette solution.

Mme Roy estime qu'il y a quelque chose de ridicule à voir le gouvernement légiférer pour interdire l'intimidation dans les chantiers de construction alors qu'il s'agit d'un délit déjà prévu au Code criminel.