Les trois partis de l'opposition à l'Assemblée nationale ont fait front commun, mercredi, contre le projet de réforme électorale du gouvernement.

Lors d'une conférence de presse, le Parti québécois, l'Action démocratique et Québec solidaire ont accusé les libéraux d'avoir mis de l'avant, dans un projet de loi actuellement à l'étude, un redécoupage qui les avantage.

Les représentants de l'opposition ont réclamé que le dossier soit remis entre les mains du président de la Commission de la représentation électorale, Marcel Blanchet, qui occupe cette fonction à titre de directeur général des élections (DGE).

Les partis de l'opposition veulent d'ailleurs pouvoir lui faire part de leurs observations après avoir pu consulter un document colligé par M. Blanchet à la suite d'une tournée de consultation prévue avant l'adoption de modifications à la carte électorale.

Alors que le projet déposé par le ministre de la Réforme des institutions démocratiques, Claude Béchard, prévoyait l'ajout de neuf circonscriptions, le scénario avancé par le DGE, dans le document, prévoit le maintien du même nombre qu'actuellement, soit 125, a indiqué le leader de l'opposition officielle, le péquiste Stéphane Bédard.

Selon M. Bédard, le scénario du DGE inclut cependant six exceptions, qui permettraient le maintien d'autant de comtés dont la population est plus faible que le seuil prévu dans la loi. Le député péquiste a estimé que la proposition du DGE est plus souhaitable que celle du gouvernement et il souhaite que M. Blanchet entende les représentations des partis sur le sujet.

«L'arbitre c'est le directeur général des élections et quant au nombre de députés, je le répète, il n'y a pas eu de débats au Québec qui ont permis de dire: ça prend 10 députés de plus au Québec, a-t-il dit. La population va être la première surprise de constater qu'il va y avoir 10 députés de plus au Québec à la prochaine élection si on adopte le projet de loi. Donc, on est hors du cadre normal.»

La Commission de la représentation électorale relève directement de l'Assemblée nationale. Toutes les deux élections générales, elle doit établir la carte électorale en tenant compte des variations du nombre d'électeurs dans chaque circonscription, de manière à assurer une représentation équitable.

Mercredi, M. Bédard a évoqué la possibilité qu'en procédant hors de ce cadre, avec son propre projet de modifications, le gouvernement se place dans une situation où les changements étudiés actuellement seraient illégaux.

«Quand tu n'appelles pas la Commission de l'Assemblée nationale à étudier (ces modifications), c'est que tu rends illégal le processus, a-t-il dit. Tu places tous les parlementaires dans une situation d'illégalité par rapport au processus électoral.»

En novembre dernier, M. Béchard avait présenté les modifications à la carte électorale, qui sont inclues dans un projet de loi qui contient aussi des éléments pour réformer les règles de financement des partis politiques.

Les partis d'opposition ont demandé une nouvelle fois la scission de ces deux aspects, jugeant leur amalgame incongru.

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a d'ailleurs jugé que le gouvernement avait fait preuve de mauvaise foi en regroupant ces deux aspects dans un même projet de loi.

«Tout le monde reconnaissait au Québec qu'il y a un problème avec le financement des partis politiques, qu'il fallait apporter des modifications à la Loi électorale, a-t-il dit. Puis (le ministre) a voulu passer en douce la carte qui lui convenait. C'est là qu'il y a un problème et c'est très, très antidémocratique.»

Face à l'absence de consensus des partis présents à l'Assemblée nationale sur son projet de réforme de la carte, M. Blanchet avait amorcé, en avril 2008, des consultations publiques à partir desquelles il a produit le document de travail auxquels les trois députés ont fait référence, mercredi.

Ils ont d'ailleurs réclamé que ce document soit officiellement rendu public.

L'attaché de presse du ministre Béchard a affirmé que le processus de consultations, sur le projet de loi, suivait son cours.

«Depuis le début, on ne voulait pas donner d'idées préconçues, a dit Pascal D'Astous. On a mis un projet de loi sur la table. On a décidé d'aller en consultation générale. On laisse les consultations aller.»