Québec craint des coupes dans la péréquation et les transferts versés aux provinces à la suite du discours du Trône prononcé hier à Ottawa.

«On ne souhaite pas que le fédéral équilibre son budget sur le dos du Québec et sur le dos des provinces», a lancé la vice-première ministre, Nathalie Normandeau, en conférence de presse.

 

Le discours du Trône a semé l'inquiétude au sein du gouvernement Charest, qui présentera bientôt un autre budget déficitaire. «Le gouvernement fédéral demeure complètement muet sur l'avenir de la péréquation», a noté Mme Normandeau.

«L'ensemble des paiements de transferts associés à la péréquation représente 15 milliards de dollars pour le Québec. C'est 24% de l'ensemble de nos revenus. (...) Ce n'est pas vrai que le Québec peut se passer de sommes aussi considérables», a-t-elle ajouté.

Des coupes du fédéral compromettraient le plan, déjà très précaire, de retour à l'équilibre budgétaire du gouvernement Charest. «On s'entend pour dire que c'est vraiment essentiel que le gouvernement fédéral respecte ses engagements à l'endroit du Québec», a dit Mme Normandeau.

Dans son discours, le gouvernement Harper souligne que l'équilibre budgétaire «ne se fera pas au moyen de réductions dans les paiements de transfert au chapitre des soins de santé et de l'éducation». Cette précision suscite des «questionnements», a noté Mme Normandeau, qui craint que les autres transferts et la péréquation ne soient réduits. Québec veut avoir l'heure juste dans le budget qui sera déposé aujourd'hui. Il demande également à Ottawa d'envoyer dans son budget un «message clair» selon lequel il lui versera une compensation de 2,2 milliards de dollars pour l'harmonisation de la TVQ avec la TPS.

Québec est déçu que le fédéral ne se soit pas engagé à accomplir «des gestes significatifs pour soutenir l'industrie forestière». Nathalie Normandeau note également un «glissement» dans les intentions du fédéral, qui avait promis d'encadrer son pouvoir de dépenser. «On se limite à restreindre l'utilisation de ce pouvoir», a-t-elle déploré, craignant que le fédéral n'empiète sur les champs de compétences du Québec.

Le gouvernement Charest condamne la décision d'Ottawa de maintenir ses positions en matière d'environnement. Il s'oppose également à plusieurs gestes annoncés: la création d'une commission pancanadienne des valeurs mobilières, l'abolition du registre des armes à feu et la réforme du Sénat, qui réduirait le poids politique du Québec.

Des «éléments positifs»

Le gouvernement Charest voit tout de même quelques «éléments positifs» dans ce discours du Trône «sans surprise». Ottawa donne la priorité à l'économie, défend la gestion de l'offre dans le secteur agricole, veut renforcer «l'identité francophone», annonce un resserrement des libérations conditionnelles et veut punir plus sévèrement les criminels à cravate, a énuméré Nathalie Normandeau.

Tout indique que Québec n'a pas l'intention d'imiter Ottawa et de geler les salaires des ministres et députés. «Il y a un très grand écart entre les salaires des députés à Ottawa et ceux des députés à Québec», a fait valoir Mme Normandeau. Le gel annoncé, «ça fait peut-être très politically correct, évidemment, mais ce sont des choix budgétaires qui sont faits et seront assumés par le gouvernement fédéral.»