Le gouvernement Charest entend établir de façon formelle que toute personne doit avoir le visage découvert pour «transiger avec l'État» ou «recevoir des services d'institutions publiques». C'est ce qu'a indiqué en conférence de presse, mercredi, la vice-première ministre, Nathalie Normandeau. Elle a laissé entendre que des directives seraient présentées bientôt afin de guider les représentants d'organismes publics dans leurs décisions en matière d'accommodements.

Selon elle, le gouvernement «a pris ses responsabilités» en décidant d'expulser d'un cours de français une femme d'origine égyptienne qui refusait d'enlever son niqab, mais «il faut aller plus loin dans les circonstances».

«Nous aurons l'occasion comme gouvernement de faire d'autres gestes au cours des prochaines semaines relativement à tout cet enjeu lié au niqab, au port du voile. Ces gestes vont permettre de clarifier certaines situations», a-t-elle affirmé, refusant d'en dire davantage.

Plus tôt dans la journée, Gérard Bouchard, coprésident de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements culturels, a également réitéré qu'il s'opposait au port du voile intégral ou de la burqa dans les milieux scolaires. En entrevue à l'émission matinale Christiane Charrette, à Radio-Canada, l'historien et sociologue a ajouté que les exigences de l'élève violaient le principe de l'égalité entre les hommes et les femmes.

«De se sentir obligée de tourner le dos à la classe pour ne pas regarder [les hommes], de demander à trois hommes de se déplacer pour ne pas les voir : je crois que ces comportements installent l'homme dans une position inférieure. C'est comme si l'homme inspirait une répulsion, qu'il était une source de mal, d'abjection.»

Bouchard pense cependant qu'une partie du débat sur le foulard islamique doit être mise en suspens. «À mon avis, une fois que l'on a fait les distinctions qui s'imposent, par exemple interdire le port du niqab et de la burqa chez les agents de l'État ou interdire le port des signes religieux chez ceux qui exercent un pouvoir de coercition, comme les juges et les forces policières, il faut se doter d'un moratoire. Ce débat est dans une impasse. Si on veut éviter qu'il fasse de la surchauffe, il faut le laisser de côté pendant un moment et travailler sur un terrain sur lequel on peut avancer. Le débat sur le port des signes religieux, on y reviendra plus tard. L'essentiel, c'est de préserver les valeurs fondamentales du Québec.»