Lucien Bouchard a lancé un «rappel à l'ordre» à Pauline Marois, qui a choisi «le plus bas dénominateur commun» au lieu d'élever le débat sur plusieurs enjeux, estime Jean Charest.

«Son ancien chef, ancien premier ministre du Québec, lui rappelle que ce n'est pas une bonne idée d'essayer de succéder au radicalisme de l'ADQ, de faire de la démagogie» et de «diviser les Québécois», a-t-il affirmé au cours de la période des questions à l'Assemblée nationale, hier.

 

Les déclarations-chocs de Lucien Bouchard ont donné des munitions à Jean Charest, lui qui est embarrassé depuis l'automne par les allégations de collusion dans l'industrie de la construction et les accusations de favoritisme dans l'attribution des nouvelles places en garderie.

Selon le premier ministre, M. Bouchard a raison de dénoncer le «radicalisme» du PQ. «C'est le reflet de la réalité. En choisissant des tactiques comme Mme Marois le fait actuellement, elle rabaisse le débat au Québec», a-t-il affirmé. Par exemple, M. Charest accuse Pauline Marois de «tordre les faits» au sujet de la modification du calendrier scolaire qui permet l'enseignement la fin de semaine afin que les écoles juives orthodoxes puissent donner des cours de religion. La chef péquiste a choisi de «faire de la politique basée sur le dénominateur commun le plus bas» plutôt que d'«essayer d'élever le débat».

«J'espère que ce rappel à l'ordre (de M. Bouchard) sera entendu par la personne à qui il est adressé», a-t-il ajouté.

Jean Charest reproche à Mme Marois de faire de l'indépendance sa priorité, alors que Lucien Bouchard affirme que les Québécois doivent se concentrer sur des enjeux liés à l'économie et à l'éducation.

Selon Gérard Deltell, Lucien Bouchard «entérine» une position de l'ADQ en disant que la question des finances publiques doit primer. Mais le chef adéquiste désapprouve les propos de l'ancien premier ministre qui associe l'ADQ au radicalisme dans le débat sur l'identité québécoise.

Gérard Deltell, dont le parti avait fait ses choux gras du débat entourant les accommodements raisonnables en 2007, trouve «curieux que le PQ tente de s'accrocher à cette question-là», alors que le «défi des finances publiques» est prioritaire.

Pour Amir Khadir, député de Québec solidaire, une formation souverainiste, «la souveraineté telle que présentée par le PQ est basée sur un sentiment nationaliste replié et la crispation identitaire. C'est vrai que les Québécois, ça ne les intéresse pas. Et moi, je ne m'y reconnais pas non plus».