Québec devra trouver le moyen d'ajouter des milliards de dollars à ses offres salariales s'il veut conclure une entente avec les employés de l'Etat d'ici au 31 mars, a indiqué, mardi, le Front commun des syndicats du secteur public.

A moins de six semaines de l'expiration de la loi spéciale, un gouffre de plus de trois milliards $ sépare encore les offres du gouvernement des demandes syndicales.

«Nous voulons un règlement négocié mais nous voulons qu'il y ait une justice salariale pour nos gens qui sont des employés de l'Etat moins payés que ceux des autres provinces, moins payés que ceux du fédéral, moins payés que dans le secteur privé», a dit le porte-parole du Front commun et président de la FTQ, Michel Arsenault, en conférence de presse à Québec.

Le Front commun réclame un contrat de travail de trois ans comportant des augmentations de salaire de 11,25 pour cent réparties sur trois ans.

De son côté, le Conseil du trésor veut limiter à 7 pour cent l'augmentation des coûts de main-d'oeuvre pour les cinq prochaines années, et propose une hausse supplémentaire de 1,5 pour cent conditionnelle à la croissance économique.

L'offre du gouvernement ne permet même pas de maintenir le pouvoir d'achat des salariés, a dénoncé M. Arsenault, aux côtés de ses collègues Lucie Martineau, du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) et Louis Roy, de la CSN.

Pour satisfaire les demandes des employés du secteur public, le Front commun presse le gouvernement de renoncer à comprimer ses dépenses et de reporter jusqu'en 2016 son objectif de retour au déficit zéro.

Les employés du secteur public n'ont pas à faire les frais de «l'obsession» du gouvernement à rétablir l'équilibre budgétaire, a fait valoir le président de la FTQ.

«La réduction des dépenses se fait exclusivement sur le dos des gens que nous représentons, les employés du gouvernement. C'est ce que nous reprochons au gouvernement. C'est pour cela que nous critiquons l'offre et qu'on pense que le gouvernement devrait nous faire une autre offre plus réaliste», a-t-il dit.

Les offres déposées par Québec «sont réalistes et raisonnables dans le contexte actuel», a répliqué la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay, lors d'un court point de presse à l'Assemblée nationale.

Du reste, il n'est pas question de mettre en veilleuse la lutte au déficit, a signifié la ministre.

«Pour être capable de rééquilibrer le budget, il faut prendre les moyens nécessaires alors il faut le faire immédiatement à compter de cette année», a-t-elle dit.

Mme Gagnon-Tremblay a dit garder le cap sur la date butoir du 31 mars pour parvenir à conclure une entente négociée. Elle a cependant convenu de la nécessité d'accélérer le pas.

«Si nous n'intensifions pas nos travaux, à ce moment là, je crains que nous ne puissions pas arriver au 31 mars», a-t-elle admis, ajoutant avoir donné le signal à son cabinet en vue d'accroître la cadence des travaux.