Loin de s'amender, le chef de l'ADQ Gérard Deltell a livré une nouvelle charge, mardi, contre la sécurité d'emploi «à vie» dans le secteur public.

Pour M. Deltell et ses députés, trop de salariés incompétents, paresseux et superflus s'accrochent à leur garantie d'emploi aux dépens de l'ensemble des contribuables qui paient leur salaire.

Le leader adéquiste se défend de réclamer l'abolition pure et simple de la sécurité d'emploi dans le secteur public mais il veut en limiter la portée pour faciliter les congédiements et l'élimination des fonctions obsolètes.

Certes, la sécurité d'emploi «mur à mur» procure une tranquillité d'esprit aux salariés assurés de conserver leur travail quoi qu'il arrive. Cependant, il y a un revers à la médaille, a soutenu M. Deltell, peu avant la reprise des travaux parlementaires à l'Assemblée nationale.

«On est fiers de notre fonction publique mais, par malheur, il existe un système qui fait en sorte que l'incompétence peut être protégée par la sécurité d'emploi, tout comme l'inutilité de (certaines) fonctions.

ECa, c'est l'effet pernicieux», a-t-il dit.

De son côté, le député de Beauce-Nord, Janvier Grondin, a dit trouver curieux que les travailleurs de l'Etat soient à l'abri des aléas de l'économie contrairement aux syndiqués du secteur privé.

«Pendant la dernière année, il y a eu des coupes dans tout. Est-ce qu'il y a des gens de la fonction publique qui ont perdu leur job?», a-t-il soulevé à l'entrée d'une réunion du caucus des quatre élus de l'ADQ.

Aux prises avec un déficit frôlant les 5 milliards $, le Québec n'a d'autre choix que de remettre en question les «vaches sacrées» héritées de la Révolution tranquille, a pour sa part affirmé le député François Bonnardel.

En ce sens, la sécurité d'emploi garantie - dont bénéficient moins de la moitié des 520 000 travailleurs des secteurs public et parapublic selon le Front commun syndical - ne peut échapper à l'examen, selon le député de Shefford.

«Le gouvernement est en négociation avec le Front commun des syndicats et c'est le temps de discuter de cette sécurité d'emploi qui peut amener certains employés de la fonction publique à être, peut-être, dans une certaine mesure, paresseux», a dit M. Bonnardel.

En attendant les assouplissements souhaités aux conventions collectives, le porte-parole de l'ADQ en matière de finances invite les gestionnaires publics à faire preuve de courage et à s'inspirer des pratiques du secteur privé.

«Je viens de l'entreprise privée et c'est possible que sur 10 employés, il y en ait un qui travaille moins fort que les autres. Mais je dois être capable, comme dirigeant, d'aller voir mon employé. C'est ce courage que les gestionnaires doivent avoir», a avancé M. Bonnardel.

Les syndicats et leurs membres ne sont pas à l'abri des efforts que le Québec devra faire pour rétablir l'équilibre budgétaire, a-t-il ajouté.

Quant à lui, le premier ministre Jean Charest a pris avec un grain de sel les positions exprimées par M. Deltell.

Les tergiversations de l'Action démocratique sur des sujets sensibles comme la sécurité d'emploi sont bien connues, a-t-il fait comprendre.

«Je l'ai entendu dire ce matin qu'il ne remettait pas en question (la sécurité d'emploi) et qu'il ne fallait pas donner de coup de balai. Gérard Deltell, c'est la méthode de l'ADQ: faut donner un coup de balai mais une fois qu'on le confronte avec des choses précises, il dit qu'il ne faut pas donner de coup de balai», a illustré M. Charest.