Les formalités pour faire venir un spécialiste en informatique étranger sont beaucoup plus longues au Québec que partout ailleurs au Canada. Le premier ministre Charest, placé jeudi devant cette réalité, a promis que le processus actuel serait revu.

Au détour d'une visite au coeur de la Silicon Valley indienne, Jean Charest s'est fait interpeller par un cadre de la plus importante multinationale de l'informatique, Infosys, qui a publiquement demandé des changements aux règles sur l'importation de main-d'oeuvre au Québec.

Les autres provinces mettent environ deux semaines pour délivrer un permis de travail à un spécialiste de l'informatique étranger. Au Québec, il faut de six à huit semaines supplémentaires parce que, à la différence d'Ottawa, il n'y a pas d'approbation automatique pour les experts des technologies de l'information, a-t-il expliqué à M. Charest.

Les règles sont différentes depuis que le Québec s'est vu déléguer la responsabilité des politiques de main-d'oeuvre en 1998. Jeudi, le premier ministre Charest a souligné que nul n'avais jamais soulevé ce problème auparavant. «Maintenant que cela a été soulevé, si le délai est plus long, on va le raccourcir», a-t-il promis.

«Au Canada, pour les visas de travail, il y a une catégorie qui a été prévue pour les technologies de l'information, cela évite de faire des demandes individuelles, c'est une voie rapide qui permet d'arriver au Canada», a expliqué M. Charest quelques heures plus tard.

Le premier ministre Charest avait été invité à visiter le siège social d'Infosys, géant de l'informatique, un énorme campus où travaillent plus de 22 000 spécialistes dont la moyenne d'âge est de 26 ans. Des centaines de bicyclettes identiques sont à la disposition des employés, qui peuvent, lorsque leurs heures de travail se prolongent, se détendre en jouant au billard ou en faisant de l'exercice. Infosys compte 105 000 employés de par le monde. «Ils ne recrutent que dans les 10 meilleures universités indiennes», a relevé M. Charest.

L'un des fondateurs de la société, lancée en 1981 avec 250 $, Srimath Batni a indiqué que sa firme compte investir au Québec. Elle ne détient qu'un petit bureau à Montréal, l'essentiel de ses installations se trouvant à Toronto.

«Infosys a indiqué qu'elle avait l'intention de faire des investissements. On n'en connaît pas l'ordre de grandeur. C'est intéressant, c'est une entreprise qui a une perspective sur l'avenir, qui annonce le genre d'économie où nous allons vivre», a dit M. Charest, qui s'est montré étonné de connaissance qu'a Infosys du marché québécois.

Par la suite, M. Charest s'est rendu visiter les simulateurs de vols construits par CAE. La firme montréalaise vient d'ouvrir un centre de formation comptant six simulateurs pour les pilotes de ligne. Chaque année, CAE donne pour 256 millions de dollars de contrats à des fournisseurs canadiens pour la préparation de ces équipements, a rappelé Nathalie Bourque, porte-parole de l'entreprise.

M. Charest devait prendre le thé mercredi avec le premier ministre indien, Manmohan Singh, en compagnie des premiers ministres de Norvège, de Finlande, de Slovénie et de Grèce. Les employés n'ont pas eu à frotter l'argenterie: le thé fut contremandé sans explication.

M. Charest n'en a pas pris ombrage: «Il a annulé pour tous ceux qui étaient invités. Ce n'est pas parce que c'est nous mais bien parce que l'horaire a changé. Il sera demain au forum sur le développement durable. Ce sont les conditions dans lesquelles ont travaille en Inde.»

En soirée jeudi, arrivé à Delhi, la capitale, M. Charest a été reçu à souper chez le ministre des Transports, Kamal Nath. Les deux hommes se connaissent depuis le sommet de Rio, en 1992. Se trouvaient aussi présents les ministres de l'Énergie, des Ressources humaines, de la Culture et du Tourisme de même que le solliciteur général.