La chef du Parti québécois, Pauline Marois, estime que les demandes des employés du secteur public, qui voudraient des hausses salariales de 11,25% en trois ans, sont «un peu élevées». Cette déclaration a heurté les syndicats, alliés naturels du PQ.

Les députés péquistes ne partagent pas tous l'avis de leur chef sur la question. Les demandes sont «raisonnables» aux yeux du député Denis Trottier. Sa collègue Monique Richard, ancienne chef syndicale, reproche de son côté au gouvernement d'avoir fait une offre bien peu généreuse.

 

Le PQ n'a pas pris officiellement position dans les négociations qui ont cours entre Québec et ses employés. Mais Pauline Marois estime que les syndicats sont plutôt gourmands.

Les demandes «me semblent à première vue un peu élevées», a-t-elle dit à l'entrée d'une réunion des députés péquistes à Orford, hier.

Les demandes syndicales représentent 3 milliards de dollars en trois ans. L'offre du gouvernement Charest - qui ne comprend pas que les salaires - se chiffre à 7% en cinq ans, ce qui équivaut à 2,3 milliards de dollars.

«C'est sûr que les parties semblent assez loin l'une de l'autre à l'heure actuelle», a souligné Pauline Marois. Elle a appelé les parties à négocier «de bonne foi». «Je pense aussi qu'une négociation, c'est une question de compromis pour arriver à une entente raisonnable.»

Selon elle, il faut éviter que les conditions de travail des employés du secteur public soient imposées par décret, comme ce fut le cas en 2005.

Pauline Marois a reconnu qu'il y a des ajustements à apporter sur la rémunération des employés du secteur public: «Je ne crois pas qu'on sera gagnant si nos employés sont moins rémunérés que la moyenne de ceux du secteur privé comparable.»

Lucie Martineau, présidente du Syndicat de la fonction publique du Québec et porte-parole du front commun, croit quant à elle que les déclarations de Mme Marois sont incohérentes. Selon elle, les demandes que la chef péquiste juge «un peu élevées» ne permettent pas aux employés du secteur public de rattraper le salaire moyen du «secteur privé comparable». «Je trouve ça assez spécial ce qu'elle a dit», a laissé tomber Mme Martineau, qui a suggéré à Pauline Marois de lire les rapports de l'Institut de la statistique sur le sujet.

Nicolas Marceau, critique du PQ en matière de finances, croit pour sa part que les deux parties «doivent être responsables et tenir compte du contexte difficile actuel». Il a refusé de commenter directement les demandes syndicales.

Le député de Roberval, Denis Trottier, estime quant à lui que les demandes sont «raisonnables compte tenu du fait que, dans le passé, les gens n'ont pas eu d'augmentation». Il a rappelé le gel salarial de deux ans imposé dans la dernière convention. Quatre hausses de 2% par année ont suivi.

Monique Richard, ancienne chef syndicale, juge plutôt que c'est le gouvernement Charest qui a déposé une offre initiale «faible». Au sujet des demandes du front commun, la député de Marguerite-D'Youville s'est contentée de dire qu'elles «sont issues de consultations auprès des membres» et qu'«il y aura place à la négociation».

Le député de Groulx, René Gauvreau, juge que les employés du secteur public mériteraient les hausses salariales qu'ils réclament en raison des «coupes historiques» du passé. Mais «dans le contexte économique actuel», il ne croit pas que la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, «soit en mesure de donner l'augmentation» demandée.

Québec solidaire est le seul parti à avoir appuyé officiellement les demandes du front commun syndical.

Le gouvernement et les syndicats veulent parvenir à une entente d'ici au 31 mars.