La création d'emplois n'est plus un objectif du gouvernement. Ce leitmotiv des 20 dernières années est dépassé. Il ne s'agit plus d'augmenter le nombre d'emplois, mais de s'assurer que les emplois de l'avenir seront de qualité et occupés par des candidats bien formés.

Le gouvernement Charest a convié les centrales syndicales, les ténors patronaux et des décideurs financiers à une «rencontre économique» éclair, jeudi prochain, un rendez-vous qui commencera la veille, en soirée, par une allocution du premier ministre Jean Charest.

 

Au menu, une série de propositions susceptibles d'accroître la productivité des entreprises québécoises, dans le cadre des consultations prébudgétaires. On discutera de lutte contre le décrochage scolaire et des façons de mieux intégrer les 50 000 immigrants qui débarquent chaque année au Québec, surtout à Montréal.

On voudra reconnaître davantage les compétences des nouveaux arrivants et bénéficier d'une contribution plus longue des travailleurs plus âgés - une piste que vient de lancer l'ex-ministre Claude Castonguay.

Le Québec devra «faire des choix», prévient-on déjà dans les coulisses. Pendant des années, la création d'emplois était l'objectif principal pour les décideurs publics. Cette période est révolue. Productivité, innovation et amélioration des compétences sont les nouvelles cibles du gouvernement, lequel doit «créer de la richesse pour financer les mêmes services avec moins de contribuables».

«Le déficit démographique fera en sorte que tous ceux qui veulent un emploi vont en trouver un. La création d'emplois n'est plus un problème. Ce qui sera préoccupant, c'est la qualité de ces emplois», dit l'économiste Claude Montmarquette, responsable d'un groupe de travail sur le financement des services publics, invité à la rencontre de la semaine prochaine.

Avec le vieillissement de la population et la réduction du nombre de travailleurs, le taux de croissance réel sera diminué de moitié. «Il faudra être plus productif et imaginatif pour se payer ce qu'on se paye actuellement», résume cet expert.

Courte rencontre, enjeux importants

Toutefois, la rencontre de jeudi sera bien courte compte tenu de l'étendue des enjeux. Nous sommes loin des deux sommets économiques lancés par Lucien Bouchard au printemps et à l'automne 1996, des rencontres qui avaient dressé la table pour l'objectif du déficit zéro, tout en lançant le réseau de garderies à 5$ - aujourd'hui à 7$ -, un secteur rapidement syndiqué par la suite.

La Commission des partenaires du marché du travail, le Conseil des partenaires économiques et le Groupe des décideurs financiers, trois groupes de «vigie» formés par Monique Jérôme-Forget au moment de la crise financière, auront une trentaine de minutes pour présenter leurs propositions. Ces avenues seront discutées à huis clos pendant deux heures, puis ramenées en plénière en après-midi, au cours d'échanges auxquels participera M. Charest.

Ces groupes demanderont à Québec des mesures pour favoriser la modernisation des entreprises et le renouvellement des équipements des PME. On réclamera plus d'attention à l'alignement de la formation sur les attentes du milieu du travail. Le patronat en profitera pour demander, comme d'habitude, des allégements fiscaux pour les entreprises, tandis que les centrales syndicales défendront le maintien des services à leur niveau actuel.