En dressant son bilan annuel de 2009 mardi, la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Claudette Carbonneau, a dit craindre que le gouvernement ne brandisse le spectre de la crise économique pour imposer des compressions et boucler son prochain budget.

Mme Carbonneau reconnaît que l'année 2009 a été «extrêmement difficile». Elle déplore toutefois qu'en vue du prochain budget, le débat soit «mal engagé» au gouvernement. «Ça sent le décor préfabriqué, dit-elle. Le gouvernement et les économistes à sa solde crient déjà à la catastrophe. Ils semblent nous dire que la seule solution sera des coupes. La CSN est inquiète de ce qui se dessine en 2010 en matière de compressions.»Selon elle, plusieurs mesures permettraient de renflouer les coffres de l'État. «Nous avons des solutions comme revoir la contribution des entreprises, mettre fin aux partenariats public-privé, faire une enquête publique sur la gestion des fonds publics, établir une éco-taxe...» énumère Mme Carbonneau, qui propose aussi un nouvel échelon d'imposition pour les gens gagnant plus de 126 000$ par année.

Pour l'instant, la présidente de la CSN ne comprend pas que le gouvernement «s'entête à ne pas faire d'enquête publique pour savoir pourquoi nos projets nous coûtent de 20 à 40% plus cher» et qu'il continue d'encourager les projets en PPP, «alors qu'il n'y a aucune étude économique qui prouve que cette option est la meilleure».

Négociations

Les prochains mois seront cruciaux dans les négociations des conditions de travail des employés de l'État. Selon Mme Carbonneau, la dernière proposition patronale est «inacceptable». «Si les conditions de travail dans le secteur public sont trop faibles, la qualité des services va diminuer. On n'arrivera pas non plus à attirer les travailleurs», prévient Mme Carbonneau.

Actuellement, le salaire moyen des employés de l'État est de 36 000$. «Mais plus des deux tiers d'entre eux ont une technique ou un diplôme universitaire. Ça illustre la faiblesse des salaires dans le secteur public», plaide Mme Carbonneau.

La CSN dit toutefois sentir un peu plus d'ouverture du gouvernement comparativement à la précédente négociation, qui s'était soldée par une loi spéciale. «Il n'y a pas de climat d'affrontement inévitable. Je sens le changement de ton et je réitère notre bonne volonté. Je crois qu'on peut régler avant le 1er avril», dit-elle.

Mme Carbonneau n'écarte pas l'idée d'avoir recours au débrayage si nécessaire. «Mais à ce moment-ci, on n'en est vraiment pas là. On se concentre sur la table de négociations.»