Les firmes dont les actionnaires contribuent à la caisse du Parti libéral du Québec obtiennent davantage de contrats de Transports Québec, dénonce l'Action démocratique du Québec.

En se fondant sur des données du ministère des Transports obtenues grâce à la Loi sur l'accès à l'information, l'ADQ constate que, depuis 2000, les actionnaires des 55 plus importants fournisseurs du Ministère ont donné 1 million de dollars au PLQ.

 

Plus surprenant encore, quand on scrute les 240 millions de contrats alloués dans les six premiers mois de 2009, on observe que les sociétés qui ont contribué au PLQ ont obtenu pour 150 millions de contrats, contre 40 millions aux firmes qui n'ont pas contribué cette année. Les autres firmes sont des sociétés privées ou dont le siège social est à l'extérieur du Québec.

«Ce n'est pas le fruit du hasard, vous ne pourrez pas me faire croire cela. Ceux qui contribuent au parti retirent la plus grande part du gâteau. Les chiffres le disent», a lancé la députée adéquiste de Lotbinière, Sylvie Roy, hier, en conférence de presse.

Un million de contributions en 10 ans, cela peut paraître bien modeste, mais la compilation ne tient compte que des actionnaires des firmes, et non de l'ensemble des dirigeants, a expliqué Me Roy.

Dans le palmarès des contributions au PLQ, on constate que les actionnaires de CIMA, qui a obtenu pour 23 millions de contrats, ont donné 92 000$ au parti. Ceux de la firme Genivar, qui a eu pour 18 millions de contrats, ont versé 40 000$ au fil des ans. Les actionnaires de Sintra ont donné 9000$ au PLQ et ont obtenu pour 29 millions de mandats de Transports Québec.

Comme elle l'avait fait à La Presse la veille, Mme Roy a souligné l'importance croissante des contrats «de gré à gré», qui ne passent pas par la procédure normale d'appel de soumissions publiques.

Le sous-ministre réagit

Dans une réponse au reportage que La Presse a publié hier à ce sujet, le sous-ministre des Transports, Michel Boivin, a fait valoir que le vérificateur «ne remet pas en cause l'honnêteté et la probité du Ministère». «Il a relevé certaines situations d'exception où, pour diverses raisons, notamment dans les situations d'urgence, le Ministère n'a pas suivi à la lettre la procédure établie.»

Le sous-ministre Boivin souligne aussi que la valeur des contrats est passée de 1,1 milliard en 2002-2003 à 2,6 milliards en 2008-2009. Le nombre des contrats a aussi augmenté, de 1578 à 4089. Or, il y a six ans, 40% des contrats étaient donnés de gré à gré. Il n'y en a eu que 23% l'an dernier. À l'époque, 277 contrats avaient été attribués de gré à gré. En 2008-2009, il y en a eu 955. La valeur moyenne des contrats sans appel d'offres est passée de 286 000$ à 429 000$ cette année, selon les données de Transports Québec.

«L'attribution des contrats relève de l'appareil administratif et non du politique», conclut le sous-ministre Boivin.