Le déficit de 2009-2010 sera plus élevé que prévu: il dépassera les 3,9 milliards estimés dans le budget du printemps dernier, annoncera demain le ministre des Finances, Raymond Bachand.

Il y a quelques semaines, M. Bachand avait soutenu qu'il ne fallait rien conclure du fait que, pour les trois premiers mois de l'année seulement, le déficit était déjà atteint aux trois quarts, à 3 milliards.

 

Demain, M. Bachand doit, avec sa collègue du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, brosser le tableau des finances publiques sans trop divulguer les pistes examinées afin de corriger le tir pour les années suivantes. Sur quatre ans, les déficits cumulés de Québec devaient atteindre 11,6 milliards avant même qu'on sache qu'il y aura un dérapage dès la première année.

À Québec, on ne parle plus toutefois de «la grand-messe des tarifs» - la vaste consultation qui devait avoir lieu cet automne. M. Bachand misait énormément sur cette opération «pédagogique» - il l'avait d'ailleurs amorcée - afin d'expliquer la nécessité de hausser les tarifs d'électricité. Mais cette idée d'amplifier l'impact d'une mauvaise nouvelle n'a pas trouvé beaucoup de partisans au Conseil des ministres, a-t-on appris.

Il semble aussi que le cabinet de M. Charest a eu à mettre les freins sur les nombreuses déclarations des ministres Bachand et Clément Gignac, qui ont parlé ouvertement des tarifs d'électricité sans s'être concertés avec Nathalie Normandeau, responsable des Ressources naturelles. Une source proche d'Hydro-Québec a par ailleurs expliqué que le scénario d'une hausse de la TVQ, en plus de celle déjà annoncée pour 2011, est sérieusement examiné. Une augmentation de 1% de la TVQ rapporte 1 milliard au gouvernement, et Québec peut plaider qu'il ne fait que combler l'espace laissé vacant par Ottawa, sans avoir à débattre de la pertinence de toucher au «bloc patrimonial» des tarifs d'Hydro-Québec.

L'impact de la crise boursière a frappé dur dans les recettes venues des impôts des sociétés, un creux de 13% par rapport aux prévisions, ont indiqué les documents des comptes publics il y a deux semaines. Pour le seul premier trimestre de 2009-2010, les revenus autonomes ont atteint 11,9 milliards, sans compter les transferts fédéraux. Ces revenus représentaient une baisse de 275 millions en comparaison du même trimestre de l'année dernière.

Les dépenses sont aussi en hausse par rapport aux cibles. Pour le premier trimestre de l'année en cours, elles étaient de 941 millions supérieures à celles de la même période, un an plus tôt. Or, durant l'année 2008-2009, les dépenses étaient en croissance de 6,8%, un rythme d'augmentation que le gouvernement veut casser sans appel - 4,5% cette année, 3,2% pour les années subséquentes.

Mme Gagnon-Tremblay ne divulguera pas son plan de match concernant le secteur public. Dans ce secteur, les syndiqués s'attendent à un gel salarial cette année, suivi de deux années d'augmentation famélique - 0,5% -, selon un reportage récent du Soleil. Or, sur la place publique, les centrales exigent encore des hausses totalisant 11,5% sur 3 ans. Ces demandes seront officiellement déposées au gouvernement vers la fin de la semaine. Québec a déjà fait savoir qu'il comptait répondre rapidement.