L'élection de Gilles Taillon à la tête de l'ADQ ne freinera pas le déclin du parti, pense Jean-François Plante, qui a été exclu de la course à la direction.

Le divorce est consommé entre l'Action démocratique et l'animateur radiophonique qui a prédit lundi des jours sombres au nouveau chef Gilles Taillon.

«Les deux tiers des militants ont boudé le vote. C'est le même taux de désaffection qui s'était manifesté à l'élection de 2008 quand 700 000 électeurs de l'ADQ ne s'étaient pas donnés la peine d'aller voter. Rien n'a changé. Il n'y a plus d'étincelles», a estimé M. Plante, en entrevue à La Presse Canadienne.

En Gilles Taillon, les quelques milliers d'adéquistes qui ont participé au vote ont élu un chef «libéral», sans idées neuves, et bien loin des préoccupations des électeurs de la droite.

«L'Action démocratique ne soulève plus d'intérêt, n'interpelle plus les électeurs parce qu'elle a renié son pain et son beurre», a-t-il analysé.

À son avis, Éric Caire aurait dû remporter cette course. Mais le député de La Peltrie a choisi, selon lui, d'abandonner à leur sort les Québécois à la recherche d'une alternative à droite de l'échiquier politique.

Plutôt que de se rapprocher de la clientèle traditionnelle du parti, M. Caire a passé sa campagne à torpiller les idées de droite, a accusé M. Plante.

«Je n'aimerais pas être dans les bobettes d'Éric Caire. Il a échappé la balle. Lui et son équipe ont mis cocue la clientèle adéquiste en voulant courtiser les partisans de Christian Lévesque et de Gilles Taillon», a analysé celui qui a rompu tous ses liens avec l'Action démocratique.

Quant à lui, le nouveau chef a passé une partie de la journée de lundi à accorder des entrevues aux médias de Québec.

Au lendemain de sa courte victoire - deux voix d'avance sur Éric Caire - M. Taillon n'était pas encore tout à fait remis de ses émotions.

«Nous savions que ce serait serré, mais nous n'aurions jamais imaginé un résultat pareil», a-t-il laissé tomber.

M. Taillon rencontrera les six députés du caucus mardi à l'Assemblée nationale peu avant la période de questions afin de préparer le terrain pour la suite des choses.

Il entend s'entretenir avec chacun des six députés avant de nommer un chef de l'aile parlementaire pour diriger les débats d'ici à ce qu'il puisse siéger au parlement.

À cet effet, le nom qui circule le plus souvent est celui du député de Shefford, François Bonnardel, qui a agi comme lieutenant de M. Taillon pendant la campagne au leadership.

La candidature de M. Bonnardel est toutefois plombée par sa relation amoureuse avec la vice-première ministre Nathalie Normandeau. Il pourrait ne pas avoir suffisamment les coudées franches pour mener les attaques contre le gouvernement.

Du reste, M. Taillon a refusé lundi de vendre la mèche sur l'identité du prochain chef de l'aile parlementaire. L'annonce, a-t-il dit, sera faite d'ici la semaine prochaine.

«Je vais rencontrer les députés et faire un choix. Toutes les hypothèses sont sur la table», a-t-il souligné.

M. Taillon a déjà fait savoir qu'il n'est pas pressé de faire son entrée à l'Assemblée nationale. Il avait évoqué, dimanche, un délai d'au moins un an pour réorganiser le parti sur le terrain avant de briguer les suffrages.