Le front commun des 475 000 employés du secteur public fourbit ses armes en prévision de l'affrontement, inévitable, avec Québec cet hiver. Pour la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, l'intention de Québec de ramener à 3,2% la croissance de ses dépenses pour quatre ans à compter du 1er avril prochain «ne tient pas la route».

Depuis des années, la croissance réelle des dépenses est plus proche de 5,2%. Depuis 40 ans, on ne les a ramenées à 3,2% que dans des périodes de fortes compressions budgétaires, insiste la présidente. À la fin du mois de septembre, au conseil général de son parti, le premier ministre Charest avait prévenu que les hausses tarifaires ne seraient pas le seul outil pour permettre à Québec de retrouver l'équilibre budgétaire.Le gouvernement devra «se serrer la ceinture», avait prévenu M. Charest, une mise en garde claire à l'intention des centrales qui s'approchaient hier de la table des négociations.

Avec le président de la FTQ, Michel Arsenault, et celui du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec, Gilles Dussault, Mme Carbonneau partira en tournée de mobilisation des membres dans 13 régions du Québec d'ici au 30 octobre. C'est à ce moment que le front commun déposera officiellement ses demandes en vue des négociations. On compte souligner la chose par des manifestations à Québec comme dans les régions.

Québec aura par la suite un maximum de 60 jours pour faire ses propositions aux centrales. Le front commun réclame des augmentations totalisant 11,25% en trois ans, une augmentation cumulée de 3,2 milliards de dollars de la masse salariale du gouvernement. «Personne ne veut mettre le Québec à l'envers avec des débrayages», dit Michel Arsenault, mais la position préliminaire du gouvernement est, selon lui, prévisible: «L'employeur va s'arracher les cheveux et dire qu'il ne peut pas payer.»

La croyance populaire qui veut que le secteur public doive gagner moins parce qu'il jouit d'une sécurité d'emploi absolue doit être revue: la prolifération des emplois précaires n'épargne pas les salariés de l'État. Il a relevé que, désormais, 64% d'entre eux n'ont pas de sécurité d'emploi.

En 2005, les négociations s'étaient terminées abruptement par un décret parce que le gouvernement disait ne pas pouvoir répondre aux demandes des syndicats. Or, tout de suite après, a rappelé Mme Carbonneau, le gouvernement Charest a déversé des milliards dans les infrastructures, cédé 5 milliards en baisses d'impôt et décidé de ne pas occuper le champ fiscal que lui avait laissé Ottawa en diminuant la TPS de 2%.

Entre 2004 et 2009, les conditions de travail des salariés du secteur public se sont améliorées de 8%, comparativement à 15,3% «en moyenne» dans le secteur privé, affirme Mme Carbonneau.