François Macerola quittera sous peu le Cirque du Soleil pour prendre la tête de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). Le gouvernement Charest nommera la semaine prochaine l'ancien directeur de Téléfilm Canada au poste de PDG de son bras financier pour la culture, a appris La Presse.

François Macerola, candidat libéral défait en 1998 et président de la commission politique du PLQ de 2002 à 2004, succédera à Jean-Guy Chaput. Le gouvernement Charest avait destitué M. Chaput en juin après que le vérificateur général, Renaud Lachance, eut dénoncé son train de vie «somptueux». Le conseil d'administration de la SODEC s'est entendu lundi soir pour recommander au gouvernement la nomination de M. Macerola. La ministre de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, a reçu la recommandation mardi. Hier, de retour d'une visite officielle au Liban pour les Jeux de la francophonie, elle a refusé de commenter le dossier.

François Macerola est revenu au pays mardi après un séjour en Asie. À titre de producteur exécutif et responsable du développement du Cirque du Soleil en Chine, il devait se rendre dans l'empire du Milieu environ une fois par mois, une tâche que l'homme de 67 ans trouvait de plus en plus exigeante.

François Macerola s'est joint à l'équipe de Guy Laliberté en 2003. Il a occupé la fonction de vice-président des affaires juridiques et commerciales avant de devenir producteur exécutif.

Le gouvernement Charest a déjà fait appel à M. Macerola dans le passé. En 2004, Line Beauchamp, à l'époque titulaire de la Culture, l'avait nommé président du conseil d'administration de la Société de la Place des Arts, poste qu'il a quitté l'an dernier. En 2006, elle l'avait mandaté pour proposer un nouveau modèle de financement pour le cinéma québécois.

Longue feuille de route

François Macerola, conjoint de l'animatrice Suzanne Lévesque, a déjà été directeur de l'Office national du film et de Téléfilm Canada. Cet avocat a présidé le conseil d'administration des deux organismes fédéraux. Il n'a pas rappelé La Presse malgré de nombreuses tentatives.

François Macerola était l'une des vedettes recrutées par Jean Charest pour la campagne électorale de 1998. Le candidat dans Vimont avait perdu aux mains du ministre péquiste David Cliche.

Hier, le Conseil des ministres a décidé de prolonger le mandat de Gilles Corbeil, PDG intérimaire de la SODEC depuis le départ de M. Chaput, le temps de procéder officiellement à la nomination de M. Macerola. Le mandat de M. Corbeil devait prendre fin samedi en vertu du décret adopté en juin. Gilles Corbeil - proche des cercles péquistes - avait soumis sa candidature au poste de PDG. L'ancien chef de cabinet de Louise Beaudoin, à la Culture puis aux Relations internationales, devrait finalement demeurer directeur général, disque et spectacle de variétés, de la SODEC.

À la suite de la mort de Pierre Falardeau, vendredi soir dernier, des reportages ont rappelé les faits saillants de la carrière du cinéaste, dont une célèbre prise de bec avec François Macerola. En 1996, Téléfilm Canada, alors dirigé par M. Macerola, avait refusé de financer 15 février 1839, le film de Falardeau basé sur les écrits de Chevalier de Lorimier condamné à la pendaison. La décision avait soulevé un tollé au Québec. En mars 1997, notamment dans les pages de La Presse, Pierre Falardeau avait comparé M. Macerola à un vendeur de beignes chez Dunkin' Donuts. M. Macerola avait répliqué en lui envoyant une douzaine de beignets. En 1999, Téléfilm avait finalement consenti au film 500 000$, deux fois moins que la somme allouée par la SODEC.

Jean-Guy Chaput ne travaillera plus au ministère de la Culture à compter de samedi. En juin, il avait contesté sa destitution et menacé de poursuivre le gouvernement. Pour éviter une bataille devant les tribunaux, Christine St-Pierre avait finalement décidé de le garder à son ministère jusqu'à la fin prévue de son contrat de PDG de la SODEC, le 3 octobre. M. Chaput quittera son poste avec une prime de départ de 60 257$, c'est-à-dire l'équivalent d'un mois de salaire par année de service - cinq dans son cas.