C'est pour améliorer le niveau de vie des Québécois et mieux partager la richesse que le gouvernement prépare une vaste révision de la tarification, a soutenu hier le premier ministre Jean Charest.

Devant 400 délégués réunis pour la fin de semaine en conseil général, M. Charest et certains de ses ministres ont semblé vouloir tempérer l'ardeur de la commission politique du PLQ, qui propose une longue liste de tarifs afin d'éponger les déficits de 12 milliards prévus pour les quatre prochaines années.

Pour M. Charest, il faut «aller au-delà de l'exercice comptable»; la revue des sources de revenus du gouvernement est «un exercice de vision», qui doit avoir un impact sur l'avenir de l'ensemble de la société.

«La question de l'équilibre budgétaire n'est pas une idéologie rigide», a-t-il soutenu hier. «L'équilibre budgétaire est un moyen qu'on doit se donner pour investir dans ce qui compte pour le Québec.»

Devant les délégués, M. Charest a défendu les décisions du gouvernement (le retour au déficit pour permettre l'accélération de chantiers qui font travailler 100 000 personnes dans une période de ralentissement économique).

Une longue liste de signaux récents sont encourageants: progression du PIB, rebond des exportations, bonne performance de Montréal en matière de création d'emplois. «La récession est probablement terminée», a dit le premier ministre, citant le président de la Réserve fédérale américaine.

Pour Jean Charest, le gouvernement a «livré les engagements de la campagne électorale» en «gérant la récession». Il doit maintenant «préparer le Québec à rebondir».

Pour atténuer l'impact de la crise des 12 derniers mois, il a fallu augmenter les dépenses et «accepter un déficit» pour maintenir les services aux citoyens, a-t-il insisté.

Or, le déficit prévu au Québec (3,9 milliards cette année) reste bien modeste, deux fois moins important que celui de l'Ontario et trois fois moins que celui du gouvernement fédéral. Le Québec retrouvera l'équilibre parmi les premiers, dans quatre ans, comparativement à sept ans dans les cas de l'Ontario

et d'Ottawa.

Pour «préparer le rebond», il faudra résorber le déficit, a-t-il souligné. C'est dans cette logique que s'inscrit la volonté de revoir l'ensemble de la tarification.

Tarifs, péages et taxes

Devant les journalistes, quelques ministres ont paru vouloir mettre un peu la pédale douce à la proposition de la commission politique. «Les gens recommandent... On va regarder cela au fur et à mesure», s'est contenté de dire le ministre de la Santé Yves Bolduc. Ces propos étaient semblables à ceux de ses collègues Monique Gagnon-Tremblay et Clément Gignac. Jeudi, la direction du PLQ avait rendu public un texte présentant des orientations très audacieuses en matière de tarification, un plan de match qui, s'il était suivi par Québec, déboucherait sur des décisions difficiles à avaler pour les contribuables.

On suggère l'implantation de péages sur les autoroutes et dans la communauté métropolitaine de Montréal afin de financer l'entretien et l'amélioration du réseau routier. Les militants auront aussi à se prononcer sur une proposition pour mettre en place des droits de scolarité «modestes» au collégial. Pour freiner la malbouffe, on propose de taxer davantage sucreries, croustilles et boissons gazeuses.

Les militants devront voter aujourd'hui sur une série de propositions destinées à hausser l'ensemble des tarifs gouvernementaux et à les indexer pour l'avenir. Hydro-Québec est visée: on suggère des ajustements de tarifs selon l'heure de la consommation, «quelques dollars de plus» seulement chaque mois, assure le document du PLQ.

On propose aussi l'imposition de redevances sur l'eau captée par les grands utilisateurs, Hydro-Québec, mais aussi le secteur agricole et les papetières. Pour la ministre de l'Environnement, Line Beauchamp, Québec a déjà depuis l'an passé fait des gestes afin de mettre en place ces redevances. Mais cette opération vise tout autant à changer les habitudes de consommation (une redevance semblable à celle de l'Ontario ne ferait entrer que de 3 à 6 millions dans les coffres du gouvernement). Pour l'eau embouteillée, les recettes seraient encore plus minces (des dizaines de milliers de dollars), a souligné Mme Beauchamp.

Le document propose aussi une deuxième ronde de réingénierie du gouvernement. On voudrait confier au privé l'administration des régimes de retraite publics. On propose aussi la mise en place d'une «caisse santé» afin de faire face à l'augmentation des coûts liée au vieillissement de la population.