Jean Charest a tenté cette semaine de désamorcer une crise attendue à la rentrée en faisant volte-face sur les règles éthiques, ce qui a mené à la démission du ministre David Whissell. Mais ce ne sera pas suffisant pour apaiser l'opposition.

 

Le Parti québécois veut maintenant que M. Whissell quitte son siège de député d'Argenteuil s'il refuse toujours de liquider ses parts dans la compagnie d'asphaltage ABC Rive-Nord, qui a obtenu de généreux contrats du gouvernement.

Jean Charest entre en plus au parlement avec une autre épine au pied. Élu le 22 juin dernier, son député de Rivière-du-Loup, Jean D'Amour, fait l'objet d'une enquête du commissaire au lobbyisme concernant ses activités d'influence pour le compte d'une firme d'ingénierie.

Les affaires Whissell et D'Amour pavent la voie à un débat acrimonieux sur le projet de code d'éthique des élus, déposé par le gouvernement le printemps dernier. Le PQ veut qu'un commissaire à l'éthique soit nommé « le plus rapidement possible ». Le commissaire définirait lui-même les règles encadrant les élus, règles qui seraient ensuite soumises à l'Assemblée nationale pour fin d'adoption.

Le gouvernement Charest voit les choses autrement. Les députés doivent adopter un code d'éthique avant de nommer un commissaire. « Nommer un commissaire sans lui donner une loi et des règles à appliquer, c'est retarder l'adoption de règles précises », plaide le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis.

Finances publiques

L'Assemblée nationale reprendra le débat la semaine prochaine sur le projet de loi 40, qui vise à suspendre l'application de la loi anti-déficit pour replonger le Québec dans l'encre rouge pendant quatre ans.

Le printemps dernier, le gouvernement Charest a modifié son projet de loi afin de garantir le retour à l'équilibre budgétaire en 2013-2014. L'opposition ne se contente pas de cet amendement.

« Le problème, c'est qu'adopter ce projet de loi revient à donner un chèque en blanc à Jean Charest pour faire des déficits sans avoir à présenter un plan de redressement », explique le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard. L'opposition demande au gouvernement de détailler les mesures qui lui permettront de retrouver l'équilibre budgétaire, comme les hausses de tarifs.

« On veut les mesures, sinon on n'appuie pas le projet de loi », affirme de son côté le leader parlementaire de l'ADQ, Marc Picard.

Jacques Dupuis considère que le gouvernement a fait un compromis suffisant. Les mesures pour sortir du rouge seront connues plus tard, probablement pas avant le prochain budget. Jean Charest compte tenir une « vaste consultation » afin d'obtenir un « consensus » sur certaines mesures. Mais cette consultation n'aura lieu qu'au début de l'an prochain.

D'ici là, le ministre des Finances, Raymond Bachand, doit présenter une mise à jour économique, en octobre. L'opposition s'attend à ce que le déficit soit plus élevé que le trou de 3,9 milliards de dollars prévu dans le budget Jérôme-Forget.

Pour livrer cette bataille sur les finances publiques, Pauline Marois a toutefois perdu les services de son meilleur soldat. François Legault, qui a démissionné le 23 juin, avait volé la vedette le printemps dernier dans le débat entourant les pertes de la Caisse de dépôt et placement et dans le scandale des Fonds d'intervention économique régionaux (FIER).

Jean-Martin Aussant, député depuis le 8 décembre seulement, aura de grands souliers à chausser en succédant à François Legault à titre de critique en matière de finances. La chef péquiste espère avoir du renfort le 21 septembre, alors que se tiendra l'élection partielle dans Rousseau. Elle a recruté l'économiste Nicolas Marceau à titre de candidat.

Le face-à-face entre Jean Charest et Pauline Marois la semaine prochaine promet d'être intéressant. Le premier tentera de redorer son blason éthique, mis à mal depuis le printemps dernier. Pauline Marois, elle, aura le défi de redresser sa cote de popularité. Car malgré le retour à l'ère des déficits, les bourdes de ministres comme Yves Bolduc et les lancinantes questions d'éthique, le taux de satisfaction à l'égard du gouvernement et la cote personnelle de Jean Charest ont grimpé au cours des derniers mois.