Le premier ministre Jean Charest «a fait le choix de sauver sa face» en modifiant finalement les règles d'éthique qui encadrent ses ministres, estime l'opposition péquiste, accueillant avec scepticisme les changements annoncés hier qui ont entraîné la démission du ministre Whissell.

«M. Charest a été pris la main dans le sac», a lancé Stéphane Bédard, critique du PQ dans ce dossier. Selon lui, le gouvernement n'a décidé de changer ses règles qu'après des mois de controverse publique. M. Charest martelait que les règles avaient été rehaussées, «et il pensait qu'en répétant une telle fausseté, cela allait devenir acceptable pour la population», a dit le péquiste de Chicoutimi.

 

Selon lui, «le premier ministre n'a pas pris cette décision pour l'intérêt public», mais strictement pour éviter le tir serré de l'opposition la semaine prochaine à l'Assemblée nationale. L'opposition péquiste compte tout de même ramener le sujet, elle qui depuis le mois de mars préconise la nomination d'un commissaire à l'éthique responsable de trancher sur ces questions délicates. M. Charest s'est dit favorable hier à une telle nomination, freinée par l'opposition selon lui.

«Si M. Charest avait été intransigeant sur l'application des règles, on ne serait pas dans cette situation aujourd'hui. Il est plus intéressé à protéger son image publique qu'à empêcher les conflits d'intérêts», a dit M. Bédard.

Le printemps dernier, c'est le même Jean Charest qui avait décidé d'abaisser la barre, de réduire les obligations faites aux membres du gouvernement, pour tenir compte des intérêts de M. Whissell dans ABC Rive-Nord et des actions de Pierre Arcand, titulaire des Relations internationales, dans une entreprise de panneaux publicitaires. M. Arcand s'est départi depuis de ses actions, a fait savoir M. Charest hier.

Critique de l'ADQ en ces matières, Marc Picard a soutenu ne pas être surpris de cette volte-face. Un récent sondage montrait que 82% de la population désapprouvait que le ministre Whissell puisse être propriétaire d'une firme d'asphaltage. «M. Charest ne gère pas le Québec, il gère une image», a lancé l'adéquiste.

Pour lui, le choix du ministre de l'Outaouais était prévisible: «C'est certainement plus payant de vendre de l'asphalte que d'être ministre ou député.»

Selon Amir Khadir, de Québec solidaire, le premier ministre Charest «montre une certaine surdité à ce que demandent les gens. Il a mis beaucoup de temps à réagir. Il ne peut pas dire que le problème est réglé», a soutenu le député de Mercier.