Éric Caire est tombé à bras raccourcis sur Christian Lévesque lors du premier débat des aspirants à la direction de l'ADQ, hier à Lévis.

Le député de La Peltrie a accusé M. Lévesque d'avoir des propositions «floues» au sujet des droits de scolarité et de l'avenir politique du Québec. Il a interrompu son adversaire à quelques reprises. Il lui a même tapoté l'épaule pour lui signifier qu'il voulait prendre la parole ou le mettre au défi de répondre à ses questions.«Christian Lévesque et son équipe vont comprendre que ça prend un peu de contenu quand on fait une course à la direction», a affirmé M. Caire au terme du débat. Selon lui, Christian Lévesque n'est «ni convaincu, ni convaincant».

Si M. Caire a été aussi cinglant, c'est qu'il «a cru voir que je prends de plus en plus de place dans la campagne», a commenté M. Lévesque, ex-député de Lévis.

Les coups de gueule ne sont donc pas venus de l'animateur de radio Jean-François Plante, ex-candidat congédié par Mario Dumont aux élections de 2007. L'ancien conseiller municipal de Montréal est demeuré discret.

Toutefois, l'ADQ n'a toujours pas déclaré M. Plante officiellement candidat. Le président de l'élection, Pierre Éloi Talbot, étudie toujours son bulletin de candidature.

De son côté, Gilles Taillon a adopté un ton posé. L'ancien numéro 2 du parti a insisté sur la nécessité de réduire la taille de l'État et de rembourser la dette grâce à la privatisation partielle d'Hydro-Québec. Les attaques menées par Éric Caire contre M. Lévesque lui ont porté ombrage.

Éric Caire a annoncé ses couleurs dans son discours d'introduction devant une centaine de militants: l'ADQ doit «brasser la cage», être «à la limite un petit baveux». Il a dit vouloir éviter les «discours racoleurs».

Éric Caire a décoché ses flèches dès le premier face-à-face sur le thème de l'éducation postsecondaire. Le député de La Peltrie a proposé de tripler les droits de scolarité afin d'atteindre la moyenne canadienne. «On s'en fout, de la moyenne canadienne!» a lancé M. Lévesque, qui milite pour l'indexation au coût de la vie. «Si on veut une économie du savoir, chacun des citoyens doit participer à cet effort.»

Éric Caire est alors sorti de ses gonds : «Donc, le travailleur d'usine, tu le taxes plus? Où est la justice dans ta proposition?» Il a ensuite indiqué qu'il entend payer les études de ses quatre enfants. «Tu as un salaire de député de 85 000$, alors que la population a un revenu moyen par couple de 45 000$. Quels choix ils vont faire, eux?» a dit Christian Lévesque. «Tu en as, de l'argent, toi, pourquoi je paierais pour tes enfants?» a répliqué M. Caire.

Selon le député, la position de M. Lévesque, «c'est le discours fleur bleue: faut faire peur à personne, faut déranger personne, faut que les syndicats soient nos amis». M. Lévesque a reproché à son adversaire de «lancer des idées pour choquer».

Autre échange musclé sur le thème de l'avenir politique du Québec. Pour Christian Lévesque, «le débat constitutionnel est devenu un débat stérile d'une autre génération. On est rendus ailleurs en 2009. On doit s'occuper du développement du Québec, s'occuper de nos affaires.» La réplique d'Éric Caire fut cinglante: «Tu n'es pas capable de marcher et de mâcher de la gomme en même temps, toi?»

«Si tu es autonomiste sans rien demander, tu vas autonomiser quoi? Christian, tu ne revendiques rien. Tu dis qu'il faut mettre ça sous le tapis. C'est le discours vide de Jean Charest et, je suis désolé, il y a déjà un parti qui propose ça et il n'est pas autonomiste.»

Éric Caire prône une «fédération décentralisée» dans laquelle le Québec aurait plus de pouvoirs. Christian Lévesque l'a accusé d'être fédéraliste. «Tu es absentéiste!» a riposté son adversaire.

Lors d'un point de presse, Éric Caire s'est déclaré vainqueur du débat. Trois autres débats auront lieu d'ici au scrutin, qui se tiendra par téléphone du 16 au 18 octobre.