Le gouvernement de Jean Charest compte réclamer du fédéral qu'il le compense pour les coûts supplémentaires qu'occasionnera la crise des isotopes médicaux. Rareté oblige, ceux-ci deviennent de plus en plus dispendieux.

En entrevue à La Presse Canadienne, le ministre québécois de la Santé, Yves Bolduc, a annoncé que son gouvernement a l'intention d'emboîter le pas à celui de l'Ontario, compte tenu du contexte de pénurie et considérant qu'Ottawa est responsable de l'approvisionnement des hôpitaux en isotopes, qui servent notamment au diagnostic dans les cas de cancer.

«Moi, je m'attends à ce qu'on fasse une demande de contribution financière à Ottawa pour l'augmentation des coûts qu'on encourt, a dit M. Bolduc. Mais avant, on va laisser évoluer encore le dossier. Et je pense que c'est une demande qui va venir de le part de toutes les provinces.»

L'Association québécoise des établissements de santé et services sociaux estime que si la pénurie actuelle devait se poursuivre pendant un an, il en coûterait autour de 10 millions $ de plus à ses membres, une note que Québec entend refiler à Ottawa.

«Il va y avoir des demandes de ce côté-là, a réitéré M. Bolduc. Par contre, avant de quantifier les montants, il faut attendre de voir un peu comment va évoluer le dossier.»

Le ministre a néanmoins reconnu qu'il allait vraisemblablement demander une somme de l'ordre de 10 millions $.

«Oui, c'est notre estimé également», a-t-il précisé.

Depuis la fermeture de réacteur de Chalk River, à cause d'une fuite d'eau lourde, il y a pénurie d'isotopes médicaux au pays et ailleurs dans le monde. Le réacteur canadien produisait le tiers de la demande planétaire.

Le Canada compte maintenant sur un réacteur australien pour combler au moins une partie de ses besoins, mais celui-ci ne fonctionne pas encore à pleine capacité.

C'est pourtant en s'attendant à ce que le réacteur australien OPAL soit en mesure de fonctionner pleinement plus tôt que prévu que Santé Canada et la Food and Drug Administration américaine avaient approuvé ses isotopes. Au début de l'été, la ministre fédéral des Ressources naturelles, Lisa Raitt, déclarait aussi à la Chambre des communes que le réacteur australien serait rapidement fonctionnel.

Mais OPAL connaît apparemment des problèmes de production.

Il ne reste plus que quatre réacteurs dans le monde après la mise au rancart du réacteur canadien. Et un réacteur des Pays-Bas, qui fournit un autre tiers de la demande mondiale et qui avait augmenté sa production, a dû être fermé pour un mois, en juillet, à des fins d'entretien.

Le Québec bénéficie malgré tout d'un petit avantage par rapport aux autres provinces, grâce à ses équipements de tomographie par émission de positrons (PET scan), qui permettent parfois d'éviter d'utiliser des isotopes.

Mais il ne faudrait pas en déduire que la crise n'aura pas de conséquences dans la Belle Province.