Les gouverneurs et les maires américains qui ferment leurs portes aux compagnies canadiennes défient ouvertement le président Barack Obama, a dénoncé jeudi le premier ministre Jean Charest.

Et ce comportement est de nature à nuire à la réputation des Etats-Unis à l'étranger, selon lui.

Aux Etats-Unis, actuellement, certains adoptent une attitude qui «n'est pas à la hauteur des engagements pris par le président Obama», et qui enfreignent les règles du commerce international, a soutenu M. Charest, jeudi, en point de presse.

«Il faut envoyer un message très clair aux Américains», a-t-il ajouté, plus déterminé que jamais à contrer le vent de protectionnisme qui souffle du sud.

La lutte au protectionnisme et à la clause «Buy American» figurent parmi les principaux enjeux à l'ordre du jour de la réunion annuelle du Conseil de la fédération, qui réunit jusqu'à vendredi après-midi les premiers ministres des provinces et des territoires.

M. Charest a donc exhorté, d'entrée de jeu, les élus américains à donner suite aux démarches effectuées par les provinces et le gouvernement Harper au cours des derniers mois en faveur d'une plus grande ouverture des marchés entre les deux pays.

En point de presse, il a fait valoir que c'était la réputation des Etats-Unis en matière de commerce, sur la scène internationale, qui était en jeu.

Car ceux qui ferment leurs portes au Canada envoient un signal au monde entier, quant à leur comportement en matière de commerce, selon lui.

Cette question constitue un véritable test pour les Etats-Unis, aux yeux du premier ministre du Québec. On verra dans quelle mesure ils peuvent respecter leur engagement et s'entendre avec leur principal partenaire commercial, «allié et ami».

En juin, tous les premiers ministres des provinces avaient signé une lettre, à l'initiative de M. Charest, en vue d'appuyer le premier ministre Stephen Harper dans ses démarches entreprises pour convaincre les Américains de revoir leur position à ce sujet.

Vendredi, les premiers ministres réaffirmeront leur position commune, lors de la clôture de leurs travaux.

«Sur le «Buy American Act', on est sur l'offensive. On veut une réponse des Américains», a martelé M. Charest.

La clause «Buy American Act», adoptée par le Congrès, fait en sorte que les entreprises canadiennes sont exclues des appels d'offres reliés aux projets d'infrastructures des Etats américains et des municipalités.

En vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), seule l'administration fédérale américaine est assujettie au traité, pas les Etats, ni les villes.

D'autres premiers ministres ont défilé au micro pour renchérir, dont le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Shawn Graham, venu dire qu'il était «impératif» d'en venir à une entente avec les Etats-Unis. Sa province est celle dont l'économie est la plus liée au commerce avec les voisins du sud.

Dans le secteur manufacturier et celui de la technologie particulièrement, de nombreux emplois au pays dépendent directement de notre accès au marché américain, a rappelé de son côté, le premier ministre de la Nouvelle-Ecosse, Darrell Dexter.

C'est une question de «réciprocité» entre les deux voisins, a fait valoir le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty. Il dit souhaiter que le premier ministre Harper aborde la question, le week-end prochain, lors de sa rencontre avec le président Obama et le président du Mexique, Felipe Calderon.

M. McGuinty a par ailleurs lancé l'idée de convoquer un sommet national sur les avenues à explorer pour assurer aux retraités de demain un revenu décent.

Dans un autre ordre d'idées, les premiers ministres ont convenu de faire de la grippe A(H1N1) une priorité, en mettant tout en oeuvre pour que le processus de vaccination soit mené à bien, en prévision d'une seconde éclosion avant la fin de l'année.

La rencontre du Conseil de la fédération se déroule cette année en l'absence du premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Danny Williams.