Pour renouer avec le succès, l'Action démocratique du Québec doit revenir à droite et rompre avec le modèle québécois. C'est en tout cas ce que propose, en quelques formules lapidaires, l'animateur de radio Jean-François Plante, qui est officiellement devenu hier le quatrième candidat à la succession de Mario Dumont.

L'arrivée de «Jeff» Plante dans la course a cependant été accueillie froidement, voire avec hostilité, par le caucus de l'ADQ. «Je ne trouve pas ça bien. Pour moi, c'est une mauvaise nouvelle», a déclaré le député de Shefford, François Bonnardel, coprésident de la campagne du candidat Gilles Taillon. Pour le député des Chutes-de-la-Chaudière, Marc Picard, cette annonce est «une très mauvaise chose pour la démocratie» et «ternit la course» à la direction.

Sur le thème sans équivoque de «L'Action adroite», M. Plante s'est présenté hier comme le «candidat qui s'inscrit en rupture de la continuité». «La Révolution tranquille, ça s'arrête ici», a-t-il claironné. Le modèle québécois hérité des années 60, estime-t-il, est «un exemple de lourdeur».

Demandes incessantes

Animateur d'une émission de radio Internet, XTRM, «où il est permis de discuter de TOUS les sujets», Jeff Plante a plusieurs fois répété au cours des dernières semaines que le poste de chef de l'ADQ ne l'intéressait pas. «Je ne pense pas que j'ai un charisme incroyable», avait-il expliqué. Ironiquement, encore hier, sa page d'accueil sur le site de Radio XTRM affichait en titre: «Moi, chef? Vous voulez rire?»

Il a affirmé hier avoir cédé aux demandes incessantes d'un groupe de partisans adéquistes qui souhaitaient «un candidat de la rupture». «Un groupe de militants, dont je fais partie, a cherché un candidat pour représenter nos valeurs. On n'en a pas trouvé, a-t-il avoué candidement. J'ai dit non une première fois. À force de me picosser, ils ont fini par m'avoir.» Présent sur Facebook, son groupe d'appui avait attiré 73 personnes en fin de journée hier, dont le président de l'Institut économique de Montréal, Michel Kelly-Gagnon, et un membre en vue de Fathers4Justice, Andy Srougi.

M. Plante, qui a été conseiller municipal à Rosemont de 1998 à 2005, avait dû retirer sa candidature aux élections provinciales de mars 2007 en raison de propos controversés, notamment sur l'équité salariale et la violence conjugale. Il a réitéré hier son intention de défendre des sujets qu'il qualifie de «tabous», comme les droits des pères.

«Il faut cesser d'ostraciser les hommes au Québec: en cas de séparation, il faut que la loi présume que les deux parents ont une capacité égale.»

Outre le thème de la famille, il compte faire campagne sur celui de la liberté, «liberté en éducation de choisir son école ou son projet éducatif, liberté de choisir en santé entre le privé et le public». Son orientation, il la qualifie de «droite modérée», une étiquette dont l'ADQ de Mario Dumont a trop cherché à s'éloigner, estime-t-il. «Quand l'ADQ était à 40%, elle prônait le taux de taxe unique («flat tax») et les bons d'études. On cherche toujours ce fameux consensus mou au Québec, mais personne ne peut faire l'unanimité.»

Controverse toujours vive

À l'ADQ, on se montre sceptique quant à la capacité de M. Plante de remplir les conditions pour poser sa candidature. D'ici le 18 août, il doit en effet obtenir la signature de 1000 membres, dont au moins 60 dans chacune des 12 régions du Québec. «Ce n'est quand même pas évident. On a mis cette norme pour s'assurer que les candidatures soient solides. On va voir si les militants veulent de lui», a déclaré Gérard Deltell, député de Chauveau.

Plusieurs ont encore en travers de la gorge les propos controversés de Jean-François Plante, qu'on avait ressortis en mars 2007 et où il décrivait notamment les programmes de discrimination positive envers les femmes comme «une forme d'apartheid où on bloque les hommes». Il s'était également vanté d'avoir refusé de porter le ruban blanc le 6 décembre, pour souligner la tuerie de Polytechnique.

«M. Plante ne représente pas un courant d'idées au Québec par son questionnement sur le rôle des femmes dans la société, affirme le député Marc Picard. Pour moi, c'est revenir en arrière. Je ne pense pas que 1000 membres vont l'appuyer. C'est une démarche qu'il fait pour lui-même. C'est un animateur de radio qui veut augmenter ses cotes d'écoute. Il n'a aucune chance de se faire élire.»

Le député de Beauce-Nord, Janvier Grondin, précise laconiquement que Jeff Plante n'est pas «son» candidat. «Ses propos ne m'attirent pas du tout. Je ne les endosse pas et j'imagine que beaucoup de membres aussi ne les endossent pas.»