Le porte-parole péquiste en matière de finances, François Legault, a pressé le gouvernement, mardi, de s'attaquer aux «vaches sacrées» afin de retrouver le chemin de l'équilibre budgétaire dès l'année prochaine et non pas dans cinq ans.

M. Legault s'est montré insatisfait du plan avec lequel le ministre des Finances, Raymond Bachand, veut rétablir l'équilibre des finances publiques d'ici 2014. Mais le représentant de l'opposition officielle n'a pas donné d'indication claire sur les mesures à prendre.

Le député péquiste a cependant plaidé que le gouvernement avait commandé suffisamment de rapports d'experts, au cours des dernières années, pour trouver le moyen d'augmenter les revenus ou de réduire les dépenses.

«Il va falloir revoir certaines vaches sacrées, a-t-il dit. Il va falloir prendre des décisions difficiles autant du côté des dépenses que des revenus. Mais arrêtons de pelleter nos problèmes par en avant puis d'utiliser le prétexte de la récession pour ne rien faire puis laisser des factures à nos enfants.»

Mardi, M. Bachand a déclaré que le gouvernement est prêt à s'engager à renouer avec l'équilibre budgétaire dès l'exercice 2013-2014.

Afin de concrétiser cet engagement, réclamé notamment par le PQ, les libéraux ajouteront un amendement au projet de loi 40, avec lequel le gouvernement souhaite suspendre l'obligation de déficit zéro auquel il est tenu. Ce changement l'autorisera à passer les pertes des prochaines années à la dette.

«Le projet de loi disait qu'en 2011 je déposerais les cibles d'objectif budgétaire décroissant devant amener à l'atteinte de l'équilibre budgétaire, a-t-il dit. Il semble que c'est préférable d'être clair que l'atteinte de l'équilibre budgétaire sera atteint en 2013-2014.»

Selon M. Bachand, il serait irresponsable d'exiger plus rapidement des efforts qui permettraient d'éviter de faire grimper la dette.

«L'effort pour retourner à l'équilibre budgétaire va être dur, a-t-il dit. Mais demander de compenser par 11 milliards $ additionnels d'augmentations de taxes ou de coupures de dépenses, on pense que c'est irresponsable, et nous, on ne le fera pas.»

Le projet de loi 40 fait suite au dépôt du budget, en mars dernier, dans lequel l'ancienne ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a annoncé un déficit de 4 milliards $ pour l'année 2009-2010 et des déficits successifs qui totaliseront près de 12 milliards $ d'ici 2013-2014.

Malgré la hausse de la taxe de vente du Québec, de divers tarifs ainsi qu'un resserrement des dépenses publiques, prévues pour rétablir l'équilibre, Mme Jérôme-Forget avait admis que plusieurs points d'interrogation subsistaient dans son plan.

Mardi, M. Legault a déclaré que l'opposition officielle n'avait pas l'intention d'appuyer le projet de loi 40, notamment parce que les péquistes souhaiteraient la fin des déficits dès le prochain budget.

«Le gouvernement prévoit actuellement une année de récession, quatre années de déficit, a-t-il dit lors d'un point de presse. Pourquoi attendre quatre années avant d'appliquer ces remèdes difficiles?»

De son côté, le porte-parole adéquiste en matière de finances, François Bonnardel, a lui aussi annoncé que son caucus n'avait pas l'intention de voter pour la législation, même avec la modification introduite par M. Bachand.

Lors d'un point de presse, M. Bonnardel a déploré que M. Bachand n'ait pas dissipé le flou concernant les moyens qu'il voudrait mettre en oeuvre pour limiter la croissance des dépenses de l'Etat à 3,2 pour cent.

«Qu'il nous explique comment il va maintenir le taux de croissance à 3,2 pour cent, a-t-il dit. C'est 1 milliard $ de dépenses, qu'il devra sabrer (ou) trouver un moyen de sabrer ça, pas pour juste l'an prochain, pour les quatre prochaines années.»

L'opposition des deux partis au projet de loi 40 pourrait forcer le gouvernement à se passer de leur appui et à recourir à la procédure du bâillon d'ici la fin de session, attendue cette semaine.

Durant son point de presse, M. Legault a évoqué le rapport d'un comité recommandant des hausses de tarifs, présidé par l'économiste Claude Montmarquette, ainsi qu'un autre document semblable rédigé par un comité présidé par l'ancien ministre de la Santé, Claude Castonguay, qui proposait notamment l'introduction d'un ticket modérateur dans le réseau de la santé.

Le représentant péquiste s'est cependant abstenu d'indiquer la voie qu'il privilégierait s'il était à la place de M. Bachand.

Selon M. Legault, si le gouvernement avait récupéré plus rapidement le champ fiscal laissé par la baisse de la taxe sur les produits et services et qu'il n'avait pas donné des baisses d'impôt avec un règlement du déséquilibre fiscal, le déficit de cette année ne serait que de 900 millions $.

«On utilise le prétexte d'une récession pour essayer de passer un déficit structurel qui est dû à leur mauvaise décision», a-t-il dit.