La chef péquiste Pauline Marois est parvenue sans coup férir samedi à convaincre les militants d'adhérer à son plan de souveraineté «à la pièce», marquant une rupture avec la démarche traditionnelle du parti.

Les quelque 200 présidents d'association de comté réunis à Rivière-du-Loup, en compagnie de députés et membres de l'exécutif national et de jeunes, ont adopté à l'unanimité le «Plan pour un Québec souverain» présenté la semaine dernière à Montréal.

«Nous avons franchi un moment important qui va nous amener à rompre avec l'attentisme et en finir avec le statu quo», a résumé la chef du Parti québécois à l'issue de la réunion, au sujet de la nouvelle démarche souverainiste.

En vertu de la stratégie, un gouvernement du PQ mettrait la table pour de nouvelles négociations avec le fédéral pour arracher une à une de nouvelles compétences et éclipser autant que faire se peut Ottawa de l'échiquier québécois.

Certaines revendications pourraient mener à la contestation juridique de compétences exercées par le gouvernement fédéral ou encore à la tenue de référendums sectoriels, portant sur des sujets précis comme la culture par exemple.

«Il y a une panoplie de moyens que nous voulons utiliser dans nos discussions avec Ottawa et parmi cette panoplie, il y a la possibilité de tenir un référendum sectoriel», a expliqué Mme Marois.

Le plan, dont l'objectif avoué est de conduire petit à petit le Québec vers l'indépendance nationale, sera soumis aux membres lors du congrès du parti au printemps 2011.

«On va être capable de démontrer qu'il n'y a pas d'autres solutions que de devenir indépendant, c'est là notre objectif», a analysé Pierre Dubuc, membre du club politique du SPQ-Libre.

Désireux de projeter l'image d'une formation unie, les députés sont demeurés loin de la plus récente controverse suscitée par l'ancien premier ministre Jacques Parizeau, qui a suggéré de créer «une crise» avec le Canada pour mousser l'option souverainiste.

«L'objectif n'est pas de provoquer une crise mais d'y aller avec des demandes chirurgicales qui répondent à des besoins précis», a dit le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier.

Récupérée illico par le premier ministre Jean Charest, la sortie de M. Parizeau en faveur d'une nouvelle crise nationale n'est pourtant qu'une opinion sans autre conséquence pour le PQ, a pour sa part estimé le député de Borduas, Pierre Curzi.

«On ne se tire pas dans le pied du tout. Il y aura toutes sortes d'opinions qui vont s'exprimer et c'est parfait», a-t-il souligné.

Dans une allocution de plus de 40 minutes en matinée, la leader souverainiste a fouetté l'ardeur de ses troupes en multipliant les attaques contre le premier ministre Charest, qu'elle a qualifié tour à tour de menteur, d'imposteur et de démolisseur en chef.

Le chef libéral, a-t-elle dénoncé, a mis dix ans à avouer qu'il recevait un salaire de son parti et n'a eu de cesse d'abaisser les normes éthiques pour accommoder ses ministres-entrepreneurs dans leurs relations d'affaires avec l'Etat.

«Il est train de liquider l'héritage des Lesage, Johnson, Bourassa, Lévesque, Parizeau, Bouchard et Landry. Il est en train de démanteler pièce par pièce ce qui s'est bâti depuis la Révolution tranquille», a accusé la députée de Charlevoix.

Selon elle, seul le Parti québécois peut rétablir le lien de confiance qu'a rompu le gouvernement libéral avec la population. Il faut revenir, a-t-elle dit, à l'esprit de René Lévesque qui plaçait l'éthique et l'intégrité des parlementaires au dessus de tout.

Aux yeux de Mme Marois, le gouvernement libéral agit de manière opposée

«Il nous a menti sur la crise économique, il nous a menti sur le déficit, il nous a menti sur la Caisse de dépôt et placement, il nous a menti sur la TVQ, les tarifs, la péréquation. Jean Charest nous a menti et quand je dis «nous», c'est un «nous» inclusif», a-t-elle ironisé.

Par ailleurs, en attendant souveraineté politique, la chef péquiste a plaidé pour l'indépendance énergétique, un thème exploité par Barack Obama pendant la campagne présidentielle américaine.

Un gouvernement dirigé par le PQ se lancerait dans la réalisation de grands projets afin de réduire la dépendance du Québec au pétrole et accélérer la marche vers la pleine souveraineté politique.

La promesse d'indépendance énergétique va «mobiliser tous les milieux», a avancé Mme Marois.

«Imaginez, conquérir notre indépendance énergétique. Il me semble que ça, c'est un projet mobilisateur», a-t-elle argué.