Les députés de l'Assemblée nationale ont adopté à l'unanimité, mardi, une motion réclamant que le gouvernement fédéral rapatrie d'Arabie saoudite une Québécoise retenue contre son gré avec ses trois enfants.

La mère de Nathalie Morin, Johanne Durocher, a expliqué que sa fille ne peut pas obtenir l'autorisation de son conjoint pour quitter le pays avec ses enfants.

Depuis trois ans et demi, Mme Desrochers tente de faire rentrer au Canada sa fille et ses enfants mais le ministère canadien des Affaires étrangères ne veut pas intervenir dans cette situation.

Selon Mme Durocher, Saeed Abdullah Al Shahrahni, retient les enfants en Arabie saoudite afin d'exercer des pressions sur la jeune femme de 24 ans pour qu'elle trouve un moyen de lui faire quitter le pays lui aussi, étant donné qu'il n'a aucun passeport.

«Ce n'est pas du tout un problème entre un père et une mère, a-t-elle dit. Nathalie et son conjoint n'ont jamais vécu ensemble au Canada. Il l'a fait venir là-bas et aussitôt qu'elle est arrivée, la première chose qu'il lui a annoncée, c'est qu'elle devait trouver un moyen pour lui de le sortir d'Arabie saoudite, que sinon elle ne sortirait jamais.»

Après avoir rencontré M. Al Shahrahni en 2001, Nathalie Morin a eu son premier enfant avec lui l'année suivante, alors qu'elle était âgée de 17 ans.

La jeune femme est ensuite allée le rejoindre en Arabie saoudite en 2005, où elle a eu deux autres enfants, le dernier à la suite d'une relation sexuelle à laquelle elle n'a pas consenti, selon sa mère.

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a déclaré mardi que les parlementaires québécois ont choisi de faire confiance à la famille de la jeune femme et d'appuyer leurs revendications face au gouvernement fédéral.

M. Khadir a affirmé que M. Al Shahrahni a menti aux autorités saoudiennes pour leur faire croire que Nathalie Morin et lui étaient mariés.

«Les députés de l'Assemblée nationale ont choisi de faire confiance à la mère de Nathalie, ont choisi de faire confiance à la grand-mère de Nathalie, ont choisi de faire confiance à leur jugement connaissant la situation de l'Arabie Saoudite, un Etat féodal théocratique où c'est la charia qui prime, qui donne tous les droits au mari», a-t-il dit.

M. Khadir a affirmé que si le gouvernement canadien tarde trop, les parlementaires québécois pourraient mettre sur pied une délégation, composée d'experts en matière de droit international et de représentants du public, pour effectuer rapidement une mission d'observation auprès de la jeune femme et ses trois enfants.

En avril dernier, Mme Durocher a envoyé une mise en demeure au gouvernement fédéral afin de le contraindre à régler cette situation.

Selon le ministère des Affaires étrangères, le Canada ne peut rapatrier unilatéralement Mme Morin parce qu'en vertu du droit saoudien, elle doit obtenir l'approbation de son mari pour quitter le pays.

Mme Durocher a affirmé mardi que sa fille pourrait quitter l'Arabie saoudite si elle obtenait le divorce mais que ses enfants ne pourraient pas l'accompagner.

«J'ai encore reçu, cette semaine, un courriel des Droits de la personne en Arabie saoudite pour me dire que Nathalie peut demander le divorce, ça va lui donner la possibilité de revenir seule, a-t-elle dit. Elle ne pourra jamais sortir les enfants.»