La Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) concocte une médecine de cheval pour améliorer le bilan routier des motocyclistes.

La SAAQ veut en effet interdire aux motocyclistes de moins de 25 ans et à tous les autres comptant moins de cinq ans d'expérience la conduite de grosses cylindrées sport.

La société d'Etat espère de cette façon mieux protéger les adeptes d'engins sportifs de plus de 400cc, qui sont surreprésentés dans les statistiques d'accidents.

En entrevue à La Presse Canadienne, le président et chef de la direction de la SAAQ, John Harbour, a dit vouloir imposer aux motocyclistes «l'accès graduel» aux modèles les plus puissants, comme cela se fait en France.

«Ce serait le statu quo pour ceux qui sont actuellement sur les motos, mais pour les nouvelles vagues, on permettrait un accès graduel à la moto», a dit M. Harbour.

Concrètement, l'accès à certains modèles serait proscrit pour les jeunes de moins de 25 ans et pour ceux, de tous âges, qui ne comptent pas au moins cinq ans d'expérience de conduite.

Qui plus est, même s'il remplit les deux conditions de l'âge et de l'expérience, un motocycliste pourrait aussi être privé du droit de circuler sur une grosse cylindrée si son dossier de conducteur présente un certain nombre de points d'inaptitude.

«Comme un bon père de famille, l'idée, c'est de savoir à quel moment on devrait permettre à quelqu'un de conduire tel ou tel modèle», a illustré le pdg de la SAAQ.

L'ambitieux plan de réforme de la grille de classification et de tarification sur lequel planche la SAAQ sera déposé en 2011. La nouvelle grille aura pour effet de réduire le fardeau de certains motocyclistes et de serrer la vis à d'autres, jeunes, inexpérimentés ou jugés à risque.

En outre, la SAAQ souhaite enfin introduire la contribution «personnalisée» pour les motocyclistes, afin de récompenser par des baisses de tarifs ceux qui présentent un bilan sans tache et imposer une charge supplémentaire aux délinquants.

Au total, 49 motocyclistes sont morts sur les routes du Québec en 2008, une baisse de 15,5 pour cent comparativement à l'année précédente. Néanmoins, la SAAQ «veut que ça s'améliore plus que ça», a fait valoir M. Harbour.

D'après les données de la société d'Etat, les motocyclistes qui enfourchent un modèle sport de type «racer» courent un risque huit fois plus élevé que les automobilistes d'être impliqués dans un accident de la route.

Affligés par des hausses considérables des droits d'immatriculation depuis 2008, les motocyclistes auront cependant droit à un répit en 2011, a par ailleurs indiqué le dirigeant de la SAAQ.

Grâce notamment à l'amélioration du bilan routier, au contrôle policier accru sur les routes et à des recettes plus élevées provenant des permis de classe 6 (motocyclettes), l'équilibre entre les contributions et les indemnités versées aux motocyclistes sera rétabli dès 2010.

La SAAQ sera donc en mesure de mettre fin, pour 2011, à son opération de «rattrapage» tarifaire qui fait rager les motocyclistes depuis l'an dernier.

«Il n'y aura pas plus que l'indexation des coûts dans le futur», a dit M. Harbour.

D'ici là, les adeptes de la moto devront se résoudre à assumer les hausses. Leur demande d'un moratoire sur la croissance des tarifs en 2010 est «irrecevable», a statué le grand patron du régime d'assurance automobile.

Du reste, le pdg soutient que les groupes de motocyclistes et leurs alliés politiques font fausse route lorsqu'ils prétendent que les hausses tarifaires sont en train de miner, sinon de «tuer», le loisir de la moto au Québec.

En dépit des augmentations, le parc québécois de motocyclettes s'est accru de 300 véhicules en 2008, passant de 142 300 à 142 600, a fait remarquer M. Harbour.