Les parlementaires de l'Assemblée nationale ont adopté à l'unanimité, mercredi, une motion réclamant au gouvernement fédéral la propriété des terrains situés devant le parlement québécois, où se trouvent notamment plusieurs statues d'anciens premiers ministres.

La proposition, présentée par l'Action démocratique du Québec, a réussi à rallier libéraux et péquistes.

En Chambre, le député adéquiste Gérard Deltell a exprimé son étonnement que cette demande de rétrocession des terrains, formulée à plusieurs reprises depuis le XIXe siècle, n'ait pas encore été acceptée par Ottawa.

Selon M. Deltell, il est tout à fait logique que l'Assemblée nationale, qui représente l'Etat québécois, cesse d'être locataire des quatre lots, dont celui de 10 000 mètres carrés où se trouvent notamment les statues de René Lévesque et de Robert Bourassa.

«Nous souhaitons que le gouvernement du Québec fasse des pressions légitimes et tout à fait honorables auprès du gouvernement fédéral, a-t-il dit à ses collègues. Et je suis persuadé qu'avec de bonnes négociations, de bonnes discussions, le gouvernement fédéral conviendra qu'il est tout à fait légitime que la colline parlementaire soit sous juridiction de l'Etat québécois.»

En vertu d'un bail conclu avec le gouvernement fédéral, Québec loue ces terrains pour la somme de 50 $ par année depuis 1867.

Plus tôt, devant l'édifice de l'Assemblée nationale, la chef péquiste Pauline Marois avait présenté la motion de l'opposition officielle qui, en plus des terrains de la colline parlementaire, réclamait aussi que le gouvernement fédéral cède à l'administration provinciale les plaines d'Abraham et le parc des Braves, tous deux situés à Québec.

Cette proposition n'a cependant reçu l'appui d'aucun autre parti.

Le porte-parole de l'opposition officielle chargé des affaires intergouvernementales, Alexandre Cloutier, a affirmé qu'après négociations avec le gouvernement, les péquistes avaient accepté de mettre de l'eau dans leur vin afin de faciliter les discussions avec Ottawa.

«L'argument principal qui a été invoqué, parce qu'on n'a parlé qu'une seule fois, ç'a été de dire qu'on n'était pas capables de négocier deux éléments parce qu'ils savaient que le deuxième élément allait être plus problématique», a-t-il dit.

Avant le vote, le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Jacques Dupuis, avait qualifié la proposition péquiste de «ridicule».

M. Dupuis a affirmé que son objectif était toujours d'obtenir que ces terrains appartiennent au «patrimoine» de l'Assemblée nationale et que des discussions avaient été amorcées, en février, avec son homologue fédérale, Josée Verner.

Lors d'un point de presse, le ministre n'a pas été en mesure de dire pourquoi le dossier n'a pas encore connu de dénouement.

«Je ne comprends pas pourquoi on n'a pas réglé ça, a-t-il dit. C'est quelque chose qui peut se régler extrêmement facilement et rapidement. Ce n'est pas compliqué. La demande est légitime.»

En présentant sa motion, Mme Marois avait accusé le gouvernement de faire preuve de mollesse.

«Ils y vont très mollement, pour ne pas dire qu'ils n'ont pas fait des démarches systématiques et ils n'ont pas eu de réponse, ne s'en sont pas plaints.»

Depuis des années, plusieurs gouvernements successifs, péquistes et libéraux, ont tenté en vain d'obtenir la propriété des terrains, qui s'étendent des deux côtés du boulevard Honoré-Mercier, qui passe devant l'Assemblée nationale.

La plus récente demande remonte à 2006, alors que le prédécesseur de M. Dupuis au poste de ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, avait envoyé une lettre au gouvernement fédéral.