Le premier ministre Jean Charest a décidé de ne pas faire de porte-à-porte cet été. Les complémentaires dans les circonscriptions de Marguerite-Bourgeoys et de Rivière-du-Loup devraient être déclenchées aujourd'hui, pour un scrutin le 22 juin.

Ces deux élections partielles sont nécessaires pour remplacer Mario Dumont, qui a annoncé son départ au début de l'année, mais qui a démissionné officiellement de l'Assemblée nationale au début de mars. Monique Jérôme-Forget a aussi passé la main, début avril, quatre mois après avoir été réélue dans Marguerite-Bourgeoys.

 

Le gouvernement aurait pu attendre six mois après ces démissions pour déclencher des complémentaires. Mais au gouvernement Charest, on a décidé d'y aller plus rondement. Un élément important: avec le nouveau calendrier parlementaire, les députés reviendront au travail à la mi-septembre, un mois plus tôt que de coutume.

Le Conseil des ministres d'aujourd'hui restait donc le seul moment permettant de déclencher des élections sans devoir faire campagne en été, un scénario que n'aiment guère les organisations politiques et les élus.

Dans l'embarras

Dans Rivière-du-Loup, le candidat libéral Jean D'Amour, ancien maire fort populaire, se trouve dans l'embarras depuis des déclarations de son successeur à la mairie, Michel Morin. Celui-ci a soutenu que M. D'Amour, représentant pour la firme BPR, l'avait rencontré pour le renouvellement d'un contrat de récupération de biogaz d'un centre d'enfouissement. Or, M. D'Amour n'est pas inscrit au registre des lobbyistes. Le commissaire au lobbying, Me André C. Côté, est encore en train de faire une vérification, mais l'épée de Damoclès pèse toujours au dessus de la tête du candidat libéral. Au surplus M. D'Amour a plaidé coupable à des accusations de conduite en état d'ébriété, au moment où il était président du Parti libéral du Québec. Même dans les rangs libéraux, on avoue d'emblée craindre l'ancien député bloquiste Paul Crête, qui est candidat péquiste.

Dans Marguerite-Bourgeoys, peu de rumeurs circulent sur le candidat libéral. Dans des cercles restreints, on indique qu'on recherchait «une femme au profil économique». Mais peu importe le candidat, l'issue du scrutin ne fait guère de doute dans ce bastion libéral.

Bachand allégé

Avec le résultat des élections complémentaires, il faut prévoir un autre événement à la fin de la session parlementaire. Le ministre Raymond Bachand, qui cumule les portefeuilles du Développement économique et des Finances, sera déchargé d'une partie de ses responsabilités.

L'ancien bras droit de Pierre Marc Johnson - comme chef péquiste - a durement été touché dans les déboires des FIER, ces fonds de développement économique régional qui relèvent d'Investissement Québec dont M. Bachand est ministre de tutelle.

Les tirs croisés du péquiste François Legault et de l'adéquiste François Bonnardel, qui ont fait les liens entre des libéraux influents et les firmes qui ont profité des FIER, ont durement touché la crédibilité de M. Bachand.

M. Bachand cumule deux ministères - il a remplacé au pied levé Monique Jérôme-Forget, qui a décidé de partir bien plus tôt que prévu, car elle devait rester en poste jusqu'à la fin de la session parlementaire. Cette double fonction, «cela ne peut pas durer longtemps comme ça», confient des sources libérales. M. Bachand vient d'ailleurs de rapatrier tous ses employés du développement économique à son cabinet des Finances. En outre, pour la première fois depuis des années, le ministre du Développement économique ne sera pas au Salon aéronautique du Bourget, près de Paris, à la mi-juin.

Depuis son arrivée en politique active, Pierre Arcand, actuellement aux Relations internationales, est perçu comme le candidat probable pour le Développement économique. C'est d'ailleurs lui qui remplacera M. Bachand au salon du Bourget, le mois prochain.