Avant de devenir le critique officiel du Conseil du Trésor, Christian Lévesque a été président d'une chambre de commerce, candidat aux élections municipales, vendeur de portes et fenêtres... et spécialiste de la mode masculine. Ah ! bon ? « Euh, c'est un peu gênant de le dire, mais j'avais été remarqué par des agences de mannequins... »

Pas d'hier, donc, qu'il est sur le devant de la scène. Avant d'être politicien, Christian Lévesque est un homme d'affaires qui a commencé, justement, avec des boutiques de vêtements de luxe. Jusqu'à ce que Simons et les Ailes de la Mode, dit-il, ne bouffent les petits commerces comme les siens. À 28 ans, il doit déclarer une faillite que des militants adéquistes n'ont pas manqué, ces derniers temps, de ramener sur le tapis.

Il ne s'en cache pas. « J'ai perdu de la naïveté. Je pensais qu'en faisant les choses de la bonne façon, j'allais automatiquement réussir. Mais je me suis aperçu qu'il faut aussi tenir compte du contexte social. »

Quelques années plus tard, en 2001, il prend la tête de l'entreprise familiale, Vitrerie Lévis. Il est président de la Chambre de commerce de Lévis lorsqu'il rencontre Mario Dumont. Christian Lévesque vient d'emménager à L'Ancienne-Lorette, une banlieue de Québec dont les citoyens viennent de demander la défusion. Christian Lévesque est contre. Dumont lui présente celui qui deviendra son premier organisateur politique : Éric Caire.

M. Lévesque se lance donc dans la campagne municipale de 2005. Face à lui, Émile Loranger, maire de L'Ancienne-Lorette pendant 18 ans. Au fil d'arrivée, 300 voix font pencher la balance en faveur de Loranger. Une performance « assez impressionnante » pour quelqu'un qui était inconnu dans la ville, se souvient Daniel Dupuis, conseiller municipal qui a fait campagne aux côtés de Christian Lévesque.

Daniel Dupuis, un intime d'Éric Caire, décrit aujourd'hui son ancien chef comme un « meneur charismatique ». Le maire Loranger, qui attribue le score serré au fait que 40 % des Lorettiens de 2005 n'avaient jamais connu l'ancienne ville, parle de son ancien adversaire comme d'une « personne posée, pas agressive, honnête ».

De cette première incursion en politique, Christian Lévesque dit en avoir gardé une leçon : « La politique, on la fait parce que on a des convictions à défendre ». Il devient membre de l'ADQ en 2006 et est pressenti pour se présenter aux élections de 2007. Surfant sur la vague adéquiste, il devient député de Lévis et critique de l'opposition officielle du Trésor.

Les premiers mois à l'Assemblée nationale sont un choc. « Dans une entreprise, il y a un conseil d'administration dont les membres travaillent ensemble pour donner une direction à l'entreprise. Au Parlement, la période de questions sert à déstabiliser l'autre camp. C'est difficile d'avoir une communion. »

La vague adéquiste passée, Christian Lévesque a perdu son siège aux élections de décembre dernier. Son nom comme candidat dans la course à la direction de l'ADQ commence très tôt à circuler. Mais, avant même que sa candidature ne soit officiellement annoncée, la nomination comme conseiller de l'ancien péquiste Raymond Bréard (forcé de démissionner du PQ en 2002 après une affaire de lobbyisme), et la publication d'une liste d'une douzaine d'anciens députés adéquistes qu'il a rencontrés, ont choqué des militants. Christian Lévesque a d'ailleurs accusé le clan de son ancien partenaire et désormais rival Éric Caire de vouloir le mettre « dans l'embarras ».

Néanmoins, il dit vouloir en finir avec la politique « des années 1970 ». Il voudrait voir les gouvernements, qu'ils soient majoritaires ou minoritaires, élus pour un mandat de cinq ans « pour qu'on puisse travailler ensemble à faire avancer des projets pour le Québec ».

Il croit aussi que les chefs ne devraient pas faire plus de deux mandats « pour toujours attirer la créativité ». Il aimerait même voir le gouvernement en place choisir, parmi tous les députés, les plus compétents pour occuper un ministère, comme un démocrate Obama recrute un républicain Gates pour s'occuper de la Défense. « Pourquoi pas ? C'est le talent qui bâtit le Québec, dit-il. J'ai été élevé à prendre conscience du talent des autres. »

Fiche signalétique

Nom : Christian Lévesque

Âge : 39 ans

Parcours : Ancien député de Lévis (2007-2008)

Attachement à l'ADQ : « Il faut être lucide et poser un diagnostic sans complaisance sur les causes de notre échec. [...] J'en retiendrai une seule : la perception quant à notre capacité à gouverner. »

Principale qualité : Le désir de travailler en équipe

Principal handicap : Un manque d'expérience et un conseiller controversé