Le ministre des Finances et du Développement économique, Raymond Bachand, a déclaré mardi qu'il n'était pas en mesure de préciser si des organismes d'investissement régional respectent toutes les règles qui leur permettent de recevoir des fonds publics.

Alors que l'opposition continuait de le talonner, M. Bachand n'a pas voulu dire si des administrateurs de Fonds d'intervention économique régionale (FIER) s'étaient placés en situation de conflits d'intérêts en effectuant des placements dans des entreprises dont ils sont actionnaires.

En répondant aux questions du porte-parole de l'opposition officielle, François Legault, le ministre a affirmé qu'il s'agissait là d'une opinion juridique qu'il ne peut formuler. Il s'est cantonné derrière une formule neutre en soutenant qu'il ne peut prononcer «ni absolution, ni condamnation», laissant aux avocats le soin de trancher.

«Je ne répondrai pas à cette question parce qu'elle demande une interprétation juridique, a-t-il dit. J'ai donné tous les faits.»

Alors que les deux adversaires croisaient le fer lors d'une commission parlementaire, M. Bachand a affirmé qu'il ne pouvait pas savoir si tous les 44 FIER à travers la province respectent les règles auxquelles ils sont soumis.

Le ministre s'en est remis à Investissement Québec, responsable de superviser les activités des FIER, des sociétés en commandite dont le mandat est d'offrir du capital de risque, composé aux deux tiers de fonds publics, aux entreprises en démarrage.

«J'ai eu un certain nombre de rencontres et de discussions avec Investissement Québec en fin de semaine et depuis le week-end et je ne peux pas répondre à toutes les règles, a-t-il dit. Je ne sais pas.»

Selon M. Bachand, sa responsabilité se limite à assurer que l'ensemble des règles de gouvernance de la société d'Etat est solide.

M. Legault a soutenu que Pietro Perrino et Valier Boivin, deux proches des libéraux, étaient actionnaires de la société ZoomMed, depuis plus d'un an, lorsque le FIER Ville-Marie, dont ils étaient aussi administrateurs, a investi dans l'entreprise.

Selon ce que le porte-parole péquiste a déclaré devant M. Bachand, M. Boivin n'a pas déclaré ses intérêts dans cette entreprise, qui se spécialise dans l'équipement destiné aux professionnels de la santé.

«J'ai beaucoup de difficulté à suivre le ministre du Développement économique, a-t-il dit. Je pense que s'il n'y avait pas de conflits d'intérêts ça ferait longtemps qu'il nous aurait répondu qu'il n'y avait pas de conflits d'intérêts.»

M. Legault a réclamé une enquête complète sur les activités des FIER.

La semaine dernière, le Parti québécois a révélé que deux FIER, administrés par MM. Perrino et Boivin, avaient investi dans quatre entreprises dont ils sont actionnaires. Le PQ s'était aussi questionné sur le fait que l'un de ces FIER avait effectué une majorité de placement en dehors de sa région d'origine.

Après avoir affirmé que les règles avaient été respectées, M. Bachand ainsi que des représentants d'Investissement Québec sont apparus moins affirmatifs lors de commissions parlementaires qui se sont tenues vendredi et mardi.

Lors de la période des questions, mardi, le débat s'est transporté sur le plancher du Salon bleu.

M. Bachand a alors affirmé que les irrégularités alléguées par M. Legault, député de Rousseau, seraient portées à l'attention des responsables à Investissement Québec.

«S'il y a un cas qui semble irrégulier au député de Rousseau, je vais le porter à leur attention, aux autorités d'Investissement Québec, et le vice-président d'Investissement Québec prendra les sanctions s'il trouve une irrégularité, a-t-il dit. C'est comme ça que ça fonctionne.»