Plus de 300 militants d'organismes de défense des animaux et autant de leurs amis à quatre pattes ont manifesté, dimanche, à Québec, devant l'Assemblée nationale, en appui au groupe de travail sur le bien-être des animaux de compagnie récemment mis en place par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, Laurent Lessard.

Une manifestation similaire contre les «usines à chiots» a rassemblé environ 150 personnes devant les bureaux du premier ministre Jean Charest à Sherbrooke.

«Nous profitons des travaux du groupe pour nous faire entendre et pour montrer que nous voulons des lois plus sévères pour que le Québec cesse d'être le paradis des usines à chiots», a expliqué l'organisatrice de la manifestation à Québec, Micheline Robitaille.

Elle a souligné que le Québec est la province canadienne où les règles contre la cruauté envers les animaux sont les moins sévères et où le nombre de personnes chargées de les faire respecter est le moins élevé.

«La loi est plus sévère en Ontario, alors les usines à chiots quittent cette province pour s'en venir ici», a soutenu Mme Robitaille. Elle a dit croire qu'il y avait 1500 «usines à chiots» au Québec l'an passé et qu'on en comptait maintenant 2000 qui produisent 400 000 chiots par an «dans des conditions inacceptables».

Mme Robitaille a ajouté qu'au Québec, les sociétés protectrices des animaux (SPA) n'ont pas le pouvoir de faire appliquer la Loi provinciale sur la protection des animaux.

«Il n'y a qu'un organisme, soit Anima Québec, qui a le droit de le faire et ils n'ont que quatre inspecteurs pour toute la province! En Ontario, les SPA ont été mises à contribution et il y 200 personnes pour faire appliquer la loi», a-t-elle fait valoir.

Les organismes présents dimanche ont aussi réclamé des peines plus sévères pour les personnes trouvées coupables de cruauté envers les animaux. «Aux Etats-Unis, des peines d'emprisonnement peuvent être imposées alors qu'ici, les coupables s'en tirent avec des travaux communautaires», a signalé Mme Robitaille.

Mme Robitaille a dit aussi croire que le gouvernement du Québec devrait interdire la vente d'animaux en animalerie et plutôt mettre sur pied un partenariat entre ces commerces et les refuges afin que seuls les chiens de refuges puissent y être vendus.

«Les animaleries sont les clientes des usines à chiots. Dans certains pays d'Europe et dans certains Etats américains, une telle interdiction est en vigueur. Il faudrait que ce soit la même chose ici», a-t-elle affirmé.

Certains militants jugent toutefois prématuré d'envisager cette solution. «Je participe aux travaux du groupe de travail sur le bien-être des animaux de compagnie et on n'a pas parlé d'interdire la vente d'animaux en animaleries», a indiqué Nicolas Gourdes, de la section canadienne de l'organisme Humane Society International.

«Je crois que le Québec n'est pas encore prêt à ça, a-t-il poursuivi. Pour les gens d'ici, tout ça est nouveau. On vient tout juste de prendre conscience des horreurs des usines à chiots.»

Des militants à Sherbrooke ont réclamé le plus large mandat possible pour le groupe de travail.

«Il faut que l'élevage de chiens soit balisé et qu'il y ait une règlementation stricte», a souhaité Sharon Dufresne, qui s'était déplacée d'Asbestos avec sa fille, ses parents et quatre chiens.

«On est en train d'essayer de réinventer la roue, a ajouté l'organisatrice de la manifestation, Julie Phaneuf. Or, il y a quelque chose de très bien en Ontario. On devrait faire comme eux.»

A terme, les militants souhaitent donc que, comme en Ontario, les chiens relèvent de la Sécurité publique plutôt que du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. «On ne les mange pas, ces chiens-là. Avec la Sécurité publique, il y aurait sûrement plus d'inspecteurs et ils n'auraient pas besoin de mandat pour visiter les usines d'élevage», a soutenu Mme Phaneuf.

Dans le cadre du groupe de travail, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation échange avec une trentaine d'organismes (dont 16 SPCA ou SPA) des améliorations potentielles à la Loi P-42 (sur la protection sanitaire des animaux).

Le Soleil - Le Journal de Québec - La Tribune