Les Québécois devraient s'abstenir de se rendre au Mexique, juge le premier ministre Jean Charest, qui a changé son fusil d'épaule au cours de la journée d'hier.

En début d'après-midi, il ne voyait pas de problème à aller lui-même au Mexique, malgré l'épidémie de grippe porcine qui sévit dans ce pays, et il recommandait aux voyageurs québécois de ne pas modifier leurs plans. Mais en fin de journée, son discours avait changé.

 

«Je ne veux pas encourager les Québécois à aller au Mexique. Dans les circonstances, s'ils peuvent éviter d'y aller, si ce n'est pas nécessaire, je pense qu'il vaut mieux ne pas y aller», a-t-il tranché lors d'un second point de presse, à l'issue de l'étude des crédits du Conseil exécutif.

«Le risque semble augmenter beaucoup, le nombre de cas augmente d'heure en heure», a-t-il ajouté pour justifier sa volte-face.

En début d'après-midi, il déclarait qu'on n'était pas rendu, au Québec, «au point où on va dire aux gens de rester (chez eux)».

Impact dans les agences

Déjà avant l'avertissement de Jean Charest, les agences de voyages avaient commencé à sentir les contrecoups de la grippe porcine.

Au bout de fil, Elvira Casali semblait quelque peu découragée. L'agente de voyages du quartier Côte-des-Neiges venait de recevoir deux appels de clients qui souhaitaient reporter leur voyage au Mexique ou changer de destination. Ses trois collègues de l'agence Octopus ont toutes reçu des demandes semblables, hier.

«Nous constatons un impact certain, a dit Elvira Casali. Les gens qui voulaient partir au Mexique veulent attendre. Et des voyageurs qui sont déjà au Mexique souhaitent revenir au Canada tout de suite.»

Pas de panique

Si l'inquiétude se fait sentir, les compagnies aériennes ne signalent pour le moment aucun mouvement de panique. Seulement trois ou quatre voyageurs ont appelé le bureau montréalais de Mexicana, hier, pour remettre leur vol à plus tard, indique l'agent Miguel Cantes. Jusqu'à maintenant, aucun vol n'a été annulé, assure M. Cantes. Air Canada ne signale aucun changement à son horaire non plus.

La plupart des compagnies aériennes - dont Delta, Mexicana et Air Canada - acceptent de reporter sans frais (pour un billet équivalent) les billets à destination du Mexique en raison de l'épidémie de grippe porcine. Les tours opérateurs, qui offrent des forfaits dans le Sud, sont également conciliants, selon Gustavo Aguilaz, de l'agence Andes, rue Saint-Denis.

Les voyageurs rencontrés hier après-midi à l'aéroport Montréal-Trudeau ont exprimé certaines craintes. Léon Bannarrosch, qui attendait un vol à destination de Paris avec sa femme, s'est même informé à la boutique de l'aéroport pour acheter un masque sanitaire. Le commis lui a répondu qu'il n'en avait pas. «Il me semble que ce genre de produit devrait être disponible dans un aéroport», a-t-il dit.