Le Parti québécois et sa chef, Pauline Marois, se sont lancés «dans un dérapage, une chasse aux sorcières», en mettant en doute l'intégrité de l'ancien patron de la Caisse de dépôt et placement, Henri-Paul Rousseau, qui a quitté la Caisse pour un poste chez Power Corporation en 2008, a soutenu hier Raymond Bachand.

À l'Assemblée nationale, le nouveau ministre des Finances a répliqué de façon acerbe à la chef péquiste qui, plus tôt dans la journée, avait soutenu que M. Rousseau s'était placé en situation de conflit d'intérêts puisque la Caisse avait investi dans Gesca, propriétaire notamment des journaux de Power Corporation.

 

«Elle a juste oublié l'histoire, que ce placement était en 2001, que le président de la Caisse à l'époque était Jean-Claude Scraire et que Bernard Landry était le ministre des Finances à l'époque», a soutenu M. Bachand.

En point de presse, Mme Marois s'était demandé si M. Rousseau entretenait des contacts avec son futur employeur au moment où la Caisse de dépôt avait investi chez Gesca. Or, M. Rousseau n'est arrivé à la Caisse qu'en mai 2002.

C'est l'année précédente que Gesca, propriétaire de La Presse, s'était porté acquéreur des quotidiens d'Unimédia: Le Soleil à Québec, Le Quotidien à Saguenay, et Le Droit à Ottawa. La Caisse de dépôt avait consenti, en janvier 2001, «un prêt à taux variable, remboursable au gré de l'emprunteur et régi par un syndicat bancaire composé de trois banques et de la Caisse», a précisé la Caisse, dans un communiqué hier.

Dans des reportages, mardi et hier, Radio-Canada soutenait que la Caisse de dépôt avait «investi» dans Gesca. Or, la Caisse a précisé hier qu'il s'agit d'un «prêt» et non d'une participation à l'entreprise sous forme d'actions. Ce prêt est similaire à «plusieurs dizaines de prêts de ce type auprès d'autant d'entreprises différentes», précise la Caisse.

Comme pour autres entreprises parmi les 10 plus importants placements de la Caisse au Québec - Gesca, le Cirque du Soleil, Hewitt Equipment, ou Noverco -, il s'agit de «placements privés, à des compagnies qui ne sont pas cotées en Bourse, dont le montant n'est pas divulgué», a expliqué hier Maxime Chagnon, porte-parole de la Caisse.

En outre, précise M. Chagnon, les employés de la Caisse qui gèrent ces prêts ont «les niveaux d'autorisation nécessaires» pour effectuer ces prêts sans devoir obtenir le feu vert de la direction de la Caisse.

Le prêt à Gesca a commencé en janvier 2001. Le dernier prêt a été effectué en avril 2007, précise la Caisse dans son communiqué.

L'autre groupe de presse, Quebecor Media, fait partie des 10 plus importants placements privés de la Caisse, tant pour le Québec que pour l'ensemble du portefeuille.

Résultats de la Caisse

À l'Assemblée nationale hier, l'opposition péquiste a, pour une seconde journée, attaqué le gouvernement sur les résultats de la Caisse de dépôt. Selon Mme Marois, si la Caisse s'était contentée de viser les indices - la moyenne du marché -, les Québécois seraient collectivement plus riches de 7,6 milliards.

Selon François Legault, la Caisse n'a pas seulement failli dans le dossier du papier commercial. Ses placements immobiliers se sont révélés catastrophiques. «L'an dernier, le secteur immobilier au niveau mondial a perdu 3%, la Caisse a perdu 22% (dans ce même secteur); c'est 3,7 milliards de pertes de plus», a accusé le critique péquiste aux finances.

Selon le premier ministre Jean Charest, la Caisse doit réaliser un rendement à long terme de 7% pour faire face à ses obligations. Or, depuis sa création en 1966, son avoir a fructifié de 8%, a-t-il soutenu accusant l'opposition de «mêler partisanerie politique à la gestion».