L'Action démocratique du Québec (ADQ) n'est pas pressée de choisir son prochain chef. Le successeur de Mario Dumont sera connu dans 11 mois, en février 2010, à l'issue d'un vote téléphonique - et payant - de l'ensemble des membres.

Sitôt dévoilées, les règles encadrant la course à la direction ont provoqué un premier désistement hier. Richard Merlini, ex-député de Chambly, renonce à se porter candidat et condamne les règles adoptées par le comité exécutif.De son côté, le député de Shefford, François Bonnardel, se montre plus intéressé que jamais à briguer la direction du parti. Christian Lévesque, ex-député de Lévis, se donne plus de temps, jusqu'à la mi-juin, avant de prendre une décision.

Le député de La Peltrie, Éric Caire, a décliné une demande d'entrevue. Il fera connaître ses intentions aujourd'hui, à l'entrée d'une réunion du caucus de l'ADQ. M. Caire a déjà indiqué qu'il pourrait se désister si les règles du jeu ne le satisfont pas.

Deux clans s'opposaient à l'ADQ sur le moment du vote: celui qui militait pour une élection cet automne, l'autre pour l'an prochain. Le comité exécutif a tranché dimanche, après avoir reçu les recommandations d'un comité formé entre autres de l'ex-député Sébastien Proulx.

Pour la chef intérimaire, Sylvie Roy, «ce n'était pas pertinent» de tenir une élection à la direction à l'automne alors que se tiennent, en novembre, les scrutins municipaux. Et une course à la direction lancée en été, «avec les BBQ et les voyages», était mal avisée selon elle.

Les personnes intéressées à succéder à Mario Dumont auront six mois, jusqu'au 22 septembre, pour déposer leur bulletin de mise en candidature. L'ADQ a décidé d'imposer un ticket d'entrée de 15 000$, dans l'espoir d'éviter les candidatures farfelues. Un candidat à la direction «doit démontrer un minimum de sérieux, de capacité, de solvabilité», a expliqué le président de l'ADQ, Mario Charpentier.

Le dépôt de 15 000$ sera remboursable à la fin de la course. «On n'est pas là pour renflouer les coffres du parti sur le dos des candidats qui vont se présenter à la course», a-t-il indiqué.

Un candidat devra présenter un bulletin signé par 1000 membres - peu importe le moment de l'adhésion - dont au moins 60 dans chacune des 12 régions administratives du Québec.

Tous les adéquistes pourront voter pour le prochain chef s'ils deviennent membres avant le 25 janvier 2010. Le scrutin se fera par téléphone. L'appel sera payant.

«Comme on est des gens qui sont pour qu'une tarification raisonnable s'applique dans nos politiques, évidemment ceux qui voteront paieront pour appeler. Alors (le vote électronique) va s'autofinancer, ça ne coûtera rien» au parti, a indiqué Mario Charpentier. La course à la direction sera coûteuse pour l'ADQ qui, avec les dernières élections, a replongé dans le rouge.

Richard Merlini a décidé de se désister. «Je prévoyais une course à l'automne qui nous aurait permis d'avoir un chef tout de suite», a-t-il affirmé à La Presse. Selon lui, le nouveau chef aurait eu la possibilité de se présenter dans Rivière-du-Loup, à l'élection partielle à venir, afin d'affronter rapidement le gouvernement en Chambre. «On n'a pas le luxe de demander à l'un de nos six députés de quitter son siège» pour permettre au chef de se faire élire, a-t-il dit. La course à la direction risque de se transformer en «concours de vente de cartes». «Il risque d'y avoir des abus. Des gens d'autres partis pourraient acheter une carte de membre à 5$ simplement pour voter à la chefferie et faire élire un candidat qui ne représente pas le meilleur choix possible pour l'ADQ», a affirmé M. Merlini.

De son côté, François Bonnardel semble prêt à se lancer dans la course bientôt. «Ces règles-là me réconfortent. Je vais annoncer ma décision dans les prochains jours», a-t-il affirmé à La Presse.

Par voie de communiqué, le maire de Huntingdon, Stéphane Gendron, a critiqué vertement les règles de l'ADQ, en particulier le dépôt de 15 000$. M. Gendron a déjà dit qu'il ne serait pas candidat.