Le gouvernement Charest réhabilite le rapport Montmarquette proposant des hausses de tarifs de toutes sortes, un document qu'il s'était empressé d'envoyer sur les tablettes lors de sa sortie, il y a un peu moins d'un an. Dans le cadre de ses consultations d'avant budget, Québec évoque également d'éventuelles compressions dans «certains services» publics.

Depuis vendredi, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, convie les Québécois à participer à une consultation en ligne sur le budget qu'elle présentera le mois prochain et qui sera déficitaire malgré ses engagements électoraux.

Six questions sont posées aux internautes. La Dame de fer des libéraux demande par exemple: «Pour atténuer les impacts de la crise économique sur les finances publiques du Québec, quels gestes devraient être priorisés par le gouvernement?»

Les choix de réponse, limités à trois et devant être classés par ordre de priorité, donnent un bon indice de ce qui attend les Québécois dans le prochain budget:

- réduire les dépenses dans certains programmes et services;

- augmenter la tarification de certains services publics;

- suspendre les versements au Fonds des générations, qui sert à rembourser la dette.

Afin d'aider les internautes à faire un choix, le gouvernement propose, via un hyperlien, la lecture du rapport du Groupe de travail sur la tarification des services publics, présidé par l'économiste Claude Montmarquette.

Ce rapport, déposé en avril 2008, recommande la fin de la «culture de la gratuité» et de la «sous-tarification» des services publics. Il propose une hausse importante des tarifs d'électricité et des droits de scolarité, une augmentation des frais dans les garderies subventionnées, l'installation de compteurs d'eau, l'introduction de péages sur toutes les nouvelles routes et aux entrées de l'île de Montréal. Le comité Montmarquette préconise le principe de l'utilisateur-payeur afin de rendre plus efficace et transparente la tarification gouvernementale.

Or, le gouvernement Charest avait enterré dès sa sortie ce rapport qu'il avait lui-même commandé. «Dans le rapport, ce qui m'a frappée le plus probablement, c'est le niveau élevé déjà de tarifs qui existe au Québec. Quand on exclut la RAMQ, la CSST et Hydro-Québec, il y a quand même 6 milliards de dollars de tarifs. Et, quand on inclut tous les autres, c'est 22 milliards de dollars de tarifs qui existent actuellement», avait dit Monique Jérôme-Forget le 10 avril. Elle associait ce rapport essentiellement à une démarche pédagogique sur la tarification actuelle des services publics.

Les hausses tarifaires proposées «ne sont pas sur l'écran radar du gouvernement», avait-elle ajouté. La ministre n'a plus parlé du rapport par la suite.

Le contexte économique a changé depuis. Et le gouvernement a décidé de déterrer le rapport dans le cadre de ses consultations précédant le dépôt du budget.

Au cours des derniers jours, le premier ministre Jean Charest a ouvert la porte à des hausses de tarifs, sauf dans les garderies à 7$ par jour. Il refuse d'intervenir auprès des sociétés d'État pour freiner les augmentations tarifaires qui se présentent à l'horizon, à Hydro-Québec, la Régie des rentes, la SAAQ et l'assurance parentale par exemple.

La Régie des rentes et la SAAQ sont des déposants de la Caisse de dépôt et placement. Elles sont directement touchées par les pertes du bas de laine des Québécois sur les marchés financiers. Ces pertes atteindraient 38 milliards de dollars, une chute de 26%.

Au chapitre des compressions dans «certains programmes et services», Monique Jérôme-Forget a promis la semaine dernière de ne pas sabrer les services de santé et d'éducation. Ailleurs, les «services essentiels» seront maintenus, s'est contentée de dire sa collègue du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay.

Dans son questionnaire en ligne, Monique Jérôme-Forget demande aux Québécois s'ils sont d'accord pour que «le gouvernement effectue temporairement un déficit, considérant la conjoncture actuelle». Peu importe l'avis des internautes, le budget 2009-2010 sera écrit à l'encre rouge, comme l'a confirmé la ministre la semaine dernière. En campagne électorale, il y a moins de trois mois, les libéraux avaient pourtant promis de maintenir l'équilibre budgétaire.