En temps de crise, l'emploi doit demeurer la priorité absolue, quitte à voir le Québec renouer avec les déficits.

Voilà, en substance, le message lancé mercredi par le premier ministre Jean Charest, au lendemain du budget fédéral qui se traduira par un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars pour le Québec, notamment au chapitre de la péréquation.Dans ce contexte difficile, et contrairement aux engagements très fermes pris en novembre dernier, le Québec envisage donc désormais un déficit pour 2010.

«Le contexte économique change de mois en mois et nous on doit d'abord répondre à notre première priorité: maintenir les gens en emploi. S'il faut poser des gestes qui nous amènent en déficit, on ne peut pas fermer cette porte-là, à ce moment-ci», a soutenu le premier ministre Charest en point de presse.

Il s'agit d'une volte-face, puisque le 4 novembre, veille du déclenchement des élections générales, son gouvernement déposait une mise à jour économique et clamait que le Québec allait maintenir les finances en équilibre en 2009 et 2010, quoi qu'il arrive.

Déjà, le 13 janvier, sa ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, avait commencé à reculer, en refusant de répéter son engagement. Quant à lui, M. Charest était resté évasif sur le sujet jusqu'à maintenant.

Le contexte économique difficile, doublé d'une refonte fédérale du calcul de la péréquation au détriment du Québec, risquent par conséquent de venir à bout du dogme du déficit zéro.

Jean Charest s'est présenté devant les médias, mercredi, comme un homme qui se sent floué par son homologue fédéral, sur le plan du partage de la richesse.

Comme il l'a fait dans le passé à maintes reprises, il a dénoncé le fait qu'Ottawa a «unilatéralement» modifié, donc sans l'ombre d'une discussion ou d'une négociation, la formule de calcul de la péréquation, une précieuse source de revenus. Le changement privera Québec de 695 millions $ en 2010.

«Fédéral ça ne signifie pas unilatéral», a-t-il dit, revenant à la charge, dans l'espoir que le premier ministre Stephen Harper entende ses doléances sur le fonctionnement jugé erratique du système fédéral.

Chose certaine, à ses yeux, le dossier est loin d'être clos. La «discussion n'est pas finie, loin de là. On va continuer cette bataille pour que le gouvernement fédéral fonctionne correctement», a précisé M. Charest, qui s'appliquait visiblement à adopter un ton ferme, mais posé et nuancé.

Car il a par ailleurs reconnu que le budget fédéral 2009 réservait aussi de bonnes nouvelles pour le Québec, comme pour ce qui est de la formation de la main-d'oeuvre, l'aide au secteur manufacturier, le coup de pouce à la rénovation résidentielle, la bonification du programme d'assurance-emploi et un meilleur accès au crédit pour les entreprises.