Le gouvernement Harper ment quand il soutient avoir dès novembre dernier informé le Québec de l'impact de son projet de réduire la péréquation. Jamais il n'a été question alors de sabrer 1 milliard de dollars de transferts au Québec.

La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a frappé du poing sur la table hier: depuis plusieurs jours son homologue fédéral, James Flaherty, et même le porte-parole du premier ministre Stephen Harper, Dimitri Soudas, soutiennent qu'avant même la campagne électorale, dès le début de novembre, le gouvernement Charest avait été informé clairement des intentions d'Ottawa quant à la péréquation.

 

Est-ce que M. Soudas raconte des mensonges? «Oui, exactement!» a affirmé la ministre dans un entretien à La Presse pour expliquer la longue lettre publique, transmise hier à son collègue fédéral. La semaine dernière, Québec avait déjà nié les informations lancées par Ottawa voulant qu'il ait été informé du projet lors de la conférence des ministres des Finances, dès le 3 novembre. En début de semaine, Dimitri Soudas est revenu à la charge pour souligner que le ministre Flaherty avait donné alors «toute l'information nécessaire».

«C'est inexact», insiste Mme Jérôme-Forget. Dans sa lettre, elle rappelle que M. Flaherty avait alors indiqué au Québec que la péréquation diminuerait de 75 millions de dollars en 2009-2010. «Vous avez également informé vos collègues de votre intention d'apporter des modifications au programme de péréquation, sans toutefois en dévoiler les détails et les impacts», écrit-elle.

Une semaine plus tard, à la rencontre des premiers ministres, Jean Charest avait tenté en vain d'obtenir plus de détails. «Votre gouvernement a délibérément refusé de partager avec les provinces ces informations que vous déteniez», écrit-elle.

Pas acquis

Mme Jérôme-Forget soutient ne pas croire la prémisse d'Ottawa voulant que la péréquation augmente de 15% par année dans les prochaines années, un rythme «insoutenable» selon Ottawa. «Historiquement, l'augmentation a été de 4% par année» observe-t-elle; les 15% par année, «c'est inexact», insiste-t-elle.

À Québec, on s'attend à ce que ces intentions se retrouvent dans le budget fédéral de mardi prochain. De plus, Mme Jérôme-Forget prévoit que le fédéral ira de l'avant avec son projet de Commission pancanadienne des valeurs mobilières. «Mais pour cela il a besoin d'un projet de loi, et ce n'est pas acquis qu'il aura l'appui des libéraux, du Bloc québécois et du NPD», observe-t-elle. Le recours aux tribunaux est encore évalué par Québec, soutient-elle, ajoutant qu'un tel changement de système en pleine crise financière arriverait au pire moyen.

Par ailleurs, Mme Jérôme-Forget a refusé de se prononcer sur le renouvellement du mandat de Pierre Brunet comme président du conseil d'administration de la Caisse de dépôt. Plus tôt, le porte-parole de Jean Charest, Hugo D'Amours, soutenait que l'homme d'affaires «avait encore la confiance du gouvernement». Relancé sur la question du mandat de M. Brunet, échu depuis le printemps 2008, l'attaché de presse n'a pas davantage voulu spéculer sur son renouvellement. «Cette décision appartient au gouvernement» explique-t-il.