Le premier ministre Jean Charest ne digère toujours pas que le gouvernement fédéral ait voulu sans consultation modifier le programme de péréquation et craint que le fédéralisme d'ouverture prôné par Stephen Harper soit en train de s'essouffler.

À la veille de la rencontre des premiers ministres, M. Charest s'envolera aujourd'hui vers Ottawa avec une liste de demandes pour soutenir les emplois au Québec. Mais il en profitera aussi pour déposer deux griefs sévères à l'égard du gouvernement conservateur: pas question d'accepter ni une commission des valeurs mobilières pancanadienne, ni un changement dans le calcul des transferts de péréquation sans être consulté.

 

«Je m'attends à recevoir des réponses qui vont dans le sens de ce fédéralisme d'ouverture, mais on verra les décisions que le gouvernement fédéral prendra. Sur la péréquation, ce qu'ils ont fait, c'est inacceptable, a dit le premier ministre québécois, hier. Ce n'est pas de cette façon que le gouvernement fédéral avait dit qu'il travaillerait.»

Après avoir proposé en 2007 une solution aux transferts de péréquation qui avait été saluée par une majorité de provinces, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a fait volte-face à l'automne dernier en annonçant son intention de changer les règles du jeu, a estimé M. Charest. Les règles doivent demeurer claires et prévisibles, ajoute-t-il.

Les troupes libérales tenteront aujourd'hui de faire adopter à l'unanimité à l'Assemblée nationale une motion reflétant les consensus des différents partis au Québec sur ces questions.

Le premier ministre a réclamé, hier, qu'Ottawa investisse massivement dans les infrastructures, le développement économique et dans des mesures de soutien aux travailleurs.

Même si le gouvernement fédéral a déjà annoncé qu'il engrangerait un déficit substantiel dans les prochaines années, M. Charest estime qu'Ottawa a les moyens d'en faire davantage pour l'emploi et les entreprises.

«Le gouvernement fédéral a des marges de manoeuvre, il a fait des surplus très importants dans les dernières années, a estimé le premier ministre. Ils ont des leviers qu'ils contrôlent. Je me sens très à l'aise de proposer ça parce que j'arrive à la table avec des efforts très importants consentis du côté québécois. On a posé des gestes. On est allé au maximum de nos ressources.»

Le premier ministre a par ailleurs voulu réduire les attentes quant à sa capacité à ressortir de la rencontre d'Ottawa avec des engagements concrets. «Le gouvernement fédéral consulte, il est en mode prébudgétaire. Les décisions vont tomber au budget fédéral. Ils ne nous ont pas laissé entendre qu'ils allaient rendre des décisions vendredi», a conclu M. Charest.

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a jugé que les demandes de M. Charest envers Ottawa étaient plutôt timides, notamment pour venir en aide aux travailleurs des secteurs forestiers et manufacturiers.