Alors que de nouveaux détails transpirent du processus judiciaire entourant le meurtre de Raymond Ellis, le Parti québécois somme la ministre de la Justice de se saisir du dossier afin de rassurer la population. «Nous assistons à un événement qui, selon toute vraisemblance, mine la confiance du public dans le processus judiciaire, les gens ne comprenant tout simplement pas ce qui s'est passé dans ce dossier», a souligné en Chambre la critique péquiste en matière de justice, Véronique Hivon, exhortant la nouvelle ministre de la Justice,

Kathleen Weil, à se pencher sur la question. L'article 23 de la Loi sur le Directeur des poursuites criminelles et pénales permettrait à laministre de se saisir du dossier, a suggéré la députée péquiste, «compte tenu de la gravité de l'affaire qui est en cause et des questions d'intérêt public indéniables». La ministre Weil, à sa première intervention en Chambre, a plutôt souhaité respecter l'indépendance du directeur des poursuites. «Je comprends la réaction et la consternation du public dans ce dossier, a dit Mme Weil. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales analyse le dossier, et c'est, en vertu de la loi, sa responsabilité de déterminer les suites à donner dans ce dossier.»

Nouveau rebondissement

Le procès du meurtre de Raymond Ellis, baptisé le «cas Star Trek» par la défense en raison du nombre surprenant de faits inusités et de rebondissements, a connu un autre revirement spectaculaire hier matin. Des déclarations de l'avocat d'Evens Belleville, l'un des cinq accusés libérés après l'arrêt du procès proclamé lundi par la juge Sophie Bourque, laissent entendre qu'un autre homme qui serait impliqué dans le meurtre de Raymond Ellis n'a pas fait face à des accusations malgré une preuve d'ADN incriminante. Me Kimon Kling a fait cette affirmation à une journaliste du quotidien anglophone The Gazette. «Ils possèdent de la preuve impliquant directement une autre personne», pouvait-on lire hier matin à la une du journal. «Son ADN est sur le couteau, son pantalon était couvert de sang de la victime et son doigt était coupé.» «Personne ne comprend pourquoi il n'a pas été accusé», a-t-il ajouté. Kimon Kling a refusé d'accorder une entrevue à La Presse pour «des raisons personnelles excessivement sérieuses». Le Service de police de la Ville de Montréal, chargée de l'enquête de meurtre, a préféré s'abstenir de tout commentaire sur ces nouvelles révélations puisque la cause sera examinée à compter d'aujourd'hui par un comité d'appel de la Couronne.