Le gouvernement Charest n'écarte plus un déficit pour l'an prochain. La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, ne promet pas le maintien de l'équilibre budgétaire en 2009-10 comme elle l'a pourtant fait en campagne électorale, il y un peu plus d'un mois.

À l'entrée d'une réunion du caucus libéral ce matin, la grande argentière du gouvernement a indiqué qu'elle «ne pense pas qu'il y aura un déficit cette année», donc en 2008-09. Et l'an prochain? «On va voir. On va mettre les chiffres à jour», a-t-elle répondu.La ministre dit ne pas ouvrir «maintenant» la porte à un «déficit ponctuel». Elle a rappelé que la crise économique frappe durement le Québec. «Il y aura un budget en mars. C'est là qu'on va faire la mise au point de la situation financière actuelle. Vous savez que tous les gouvernements ont revu à la baisse leurs revenus. Le Québec, manifestement, ne sera pas épargné.»

Monique Jérôme-Forget n'a pas donné un aperçu de l'état des finances publiques puisque «les données doivent être mises à jour». C'est pour cette raison qu'elle dit ne pouvoir garantir l'équilibre budgétaire l'an prochain. «Je ne vais pas me prononcer maintenant. Je ne pense pas qu'il y aura un déficit cette année. Je vais faire mon travail correctement. Je ne vais pas vous donner un chiffre comme ça qui me sort de la tête. Je vais faire le travail consciencieusement», a-t-elle dit.

Lors de sa mise en jour économique, en novembre, les données d'alors permettaient à la ministre de garantir que le Québec ne creusera pas un trou budgétaire cette année et l'an prochain. En fait, une réserve de 2,3 milliards de dollars permettait de maintenir l'équilibre budgétaire cette année et l'an prochain. La crise économique semble avoir chamboulé les prévisions pour l'an prochain.

Hier, le premier ministre Jean Charest disait pourtant q'«on va pouvoir rester en équilibre budgétaire» au cours des deux prochaines années en raison de la réserve budgétaire. Ce matin, il s'est fait moins catégorique. «On fait tous les efforts pour avoir un budget équilibré», a-t-il dit.

Monique Jérôme-Forget présentera demain un énoncé économique afin de stimuler l'économie. Elle concrétisera essentiellement des engagements électoraux, comme la hausse des investissements dans les infrastructures et la création d'un crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire.

La session extraordinaire de trois jours de l'Assemblée nationale s'ouvre cet après-midi avec l'élection, par acclamation, du président de la Chambre, Yvon Vallières.

Jean Charest a indiqué hier que cette session sera dépourvue de «grandes annonces» et que l'énoncé économique sera «sans grosses surprises». Ce matin, il a souligné qu'un débat sur l'économie à l'Assemblée nationale est important. Ce débat devrait durer deux, peut-être trois heures mercredi.

«Ça vaut la peine de se réunir cette semaine. La stratégie utilisée est d'y aller de façon ciblée de façon à ce qu'on réagisse, pas trop, pour justement garder le cap pour ne pas nous retrouver avec des déficits structurels. Moi j'estime que c'était nécessaire qu'on se retrouve. Si les gens trouvent ça inutile, pour moi, je pense qu'ils se trompent.» Seul un projet de loi sur les caisses de retraite privées nécessite un vote de la Chambre. Ce projet de loi est capital, a martelé le ministre du Développement économique, Raymond Bachand.