L'énoncé économique du gouvernement sera «sans grosses surprises», prévient Jean Charest. Et la session extraordinaire de trois jours de l'Assemblée nationale, qu'il a lui-même convoquée à compter d'aujourd'hui, sera dépourvue de «grandes annonces».

Le premier ministre s'est employé hier à baisser les attentes en vue de cette session exceptionnelle sur le thème de l'économie.

 

Demain, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, présentera un énoncé visant à stimuler une économie moribonde. Elle concrétisera essentiellement des engagements électoraux, comme l'augmentation des investissements en infrastructures et la création d'un crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire au coût de 250 millions de dollars. Quelque 125 000 propriétaires recevraient environ 2000$.

«Ce sont des mesures qui n'exigeaient pas qu'on réunisse l'Assemblée nationale pour cette simple raison», a reconnu Jean Charest lors d'un point de presse. Elles seront «le reflet de ce qu'on a discuté durant la campagne électorale».

De son propre aveu, «il ne faut pas s'attendre à de grandes annonces dans les prochains jours», ni à de «grosses surprises» au cours de la session extraordinaire.

Une seule proposition nécessite un vote en Chambre. Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, déposera demain un projet de loi sur les caisses de retraite privées, qui ont connu des rendements désastreux en raison de la crise financière.

La loi actuelle oblige les employeurs à verser des cotisations pour renflouer tout déficit de solvabilité sur une période de cinq ans. Le gouvernement veut assouplir cette règle pour donner un peu d'oxygène aux entreprises. Il fera passer le délai de 5 à 10 ans. Le gouvernement souhaite adopter le projet de loi dès jeudi. L'opposition n'a pas d'objection.

Selon Jean Charest, la session extraordinaire de trois jours «enverra le signal que l'économie est l'enjeu principal pour l'année 2009». Elle servira aussi de lancement aux consultations sur le budget. Le prochain exercice financier sera déposé ce printemps, comme d'habitude, alors qu'Ottawa a devancé la présentation de son budget au 27 janvier. Jean Charest a réitéré qu'aucun déficit n'est prévu pour les deux prochaines années.

Craintes du Parti québécois

La chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, craint que la session extraordinaire ne se limite à un exercice de relations publiques pour le gouvernement. «J'espère qu'il ne nous a pas convoqués pour simplement nous donner le change et laisser croire qu'il était important qu'on se penche sur l'économie et qu'il était prêt à collaborer avec l'opposition, alors que, dans les faits, il n'avait rien de plus à mettre sur la table et rien à proposer. Ce serait inacceptable», a-t-elle affirmé en conférence de presse.

Selon la leader péquiste, le plan économique présenté par le PLQ en campagne électorale est «insuffisant». Elle demande de multiplier par 10 les investissements dans la formation de la main-d'oeuvre - 200 millions au lieu de 20 - et de verser 200$ aux 2,1 millions de bénéficiaires du crédit d'impôt pour la TVQ, une promesse électorale du PQ.

Pauline Marois trouve «inquiétant» que le gouvernement n'ait prévu que deux heures de débat sur l'énoncé économique. «Si on est sérieux, il me semble qu'on devrait accorder un peu plus de temps à la question, à la crise économique qui inquiète tout le monde», a-t-elle dit.

Le PQ et l'ADQ croient que Jean Charest doit également profiter de la session extraordinaire pour obtenir des consensus à l'Assemblée nationale, contre la création d'une commission des valeurs mobilières pancanadienne et le plafonnement des versements de péréquation par exemple. Selon eux, M. Charest augmenterait son rapport de force en vue de la réunion fédérale-provinciale des premiers ministres, vendredi. «Le gouvernement québécois n'a jamais été aussi fort face à Ottawa que quand il a établi des consensus», a dit le député adéquiste Éric Caire, qui réfléchit toujours sur le fait de se porter candidat à la succession de Mario Dumont à la tête de l'ADQ.

La session extraordinaire débutera aujourd'hui avec l'élection d'un nouveau président de l'Assemblée nationale. Le libéral Yvon Vallières, seul candidat en lice, prendra sa revanche. Le 21 octobre, l'ADQ et le PQ avaient profité du statut minoritaire du gouvernement pour lui barrer la route. Le péquiste François Gendron avait pu accéder à la présidence grâce à cette manoeuvre concertée. Il aura eu le plus court mandat de l'histoire, moins de trois mois.

La session régulière de l'Assemblée nationale débutera le 10 mars.