Les formations politiques manifestent plus d'entrain à accrocher les pancartes électorales au début d'une campagne qu'à les enlever après le scrutin. Trois semaines après les dernières élections provinciales, des pancartes ornent toujours certains poteaux de Montréal. Les partis s'exposent maintenant à des amendes.

Des affichettes orange fluo interdisant le stationnement pendant le déneigement aux décorations de Noël en passant par ces pancartes, les rues du centre-ville ont rarement été aussi chargées. Un portrait du candidat libéral Éric Prud'homme, format géant et en couleur, trône toujours rue Saint-Antoine, à deux pas de l'édifice de La Presse. Le Parti vert et le Parti indépendantiste s'exposent encore près du métro Jean-Talon. Pour ne citer que ceux-là.

La loi provinciale est pourtant claire : «Toute affiche se rapportant à une élection doit être enlevée au plus tard 15 jours après le jour du scrutin.» Les élections ayant eu lieu le 8 décembre, les Montréalais auraient dû être soulagés de toute référence à ce scrutin - dont ils étaient nombreux à dire qu'ils n'en voulaient pas - dès le 23 décembre.

Du coup, les municipalités ont maintenant le droit de retirer les affiches aux frais du parti ou du candidat après un préavis de cinq jours. L'arrondissement de Ville-Marie a donné ce préavis à chacun des cinq principaux partis politiques (cette responsabilité est décentralisée à Montréal). «Notre inspecteur a fait une tournée le 23 décembre, et il a constaté que tous les partis avaient laissé au moins quelques affiches», confirme Jacques-Alain Lavallée, porte-parole de l'arrondissement.

Période de grâce

Les partis profiteront toutefois d'une période de grâce un peu plus longue que celle prévue par la loi. «On leur laisse 10 jours, et on a bon espoir que ce sera suffisant», dit M. Lavallée.

Passé ce délai, les cols bleus se mettront à l'oeuvre. Au coût de 21 $ l'heure, plus les frais de location de l'équipement qui sera nécessaire pour retirer certaines affiches haut perchées.

Les aléas de la météo pourraient toutefois jouer en faveur des derniers retardataires. «Les Montréalais ont beau être tannés de voir ces pancartes, ils nous en voudraient de mettre beaucoup d'énergie à les enlever plutôt qu'à déneiger les trottoirs», ajoute M. Lavallée.

D'ailleurs, l'arrondissement n'a jamais été forcé de refiler pareille facture à un parti politique. Tous se sont toujours conformés, de par le passé, aux avis qui leur avaient été envoyés. Mais cette fois, le congé de Noël pourrait changer la donne.