La situation économique nécessite des gestes rapides du gouvernement, «dès les prochains jours», a prévenu jeudi le premier ministre Jean Charest, confirmant son intention de proposer ce matin à Pauline Marois la convocation avant les Fêtes de l'Assemblée nationale.

«Nous, on veut se mettre au travail. L'économie, c'est l'enjeu et on veut poser des gestes avec tous les parlementaires», a expliqué M. Charest à son arrivée à la rencontre habituelle où députés élus et candidats défaits se rencontrent après des élections générales.  

Il confirmait les informations publiées jeudi par La Presse, qui révélait l'intention du gouvernement de rappeler les députés au travail pour deux journées, les 22 et 23 décembre, afin de nommer un nouveau président et faire adopter une série de mesures économiques.

 

Le premier jour, on choisirait le président, comme le veut la tradition. Le lendemain, le gouvernement déposerait une déclaration économique, plutôt qu'un «message inaugural», en ménageant le droit de réplique de l'opposition péquiste et un droit de parole à l'Action démocratique.

 

Cet énoncé reprendrait plusieurs éléments du Plan d'action économique lancé en début de campagne par le PLQ. Mesure la plus concrète, on lancera, pour le 1er janvier 2009, un crédit d'impôt pour la rénovation résidentielle qui coûtera 250 millions de dollars par année au gouvernement. Ce programme d'une durée de deux ans, vise à donner un crédit d'environ 2000 $ à 125 000 propriétaires. On vise ainsi à amortir la réduction appréhendée du côté de construction résidentielle. Accessoirement, l'obligation de fournir des factures pour obtenir l'avantage fiscal viendra freiner le travail au noir, une épidémie dans le secteur de la rénovation, a-t-on confié à La Presse.

 

Québec compte rendre aussi disponibles les 2 milliards annoncés en campagne électorale pour aider les entreprises. Le premier va à Investissement Québec pour des garanties de prêts supplémentaires. Le deuxième, à la SGF, pour aider pendant deux ans les entreprises à lancer leurs émissions d'actions destinées à aller chercher du capital.

 

À mots couverts jeudi, M. Charest a montré du doigt son programme de campagne pour décoder ce que le gouvernement voulait proposer en économie. «La volonté est en droite ligne avec ce qu'on a dit en campagne. Le Québec fait face à des circonstances exceptionnelles», les turbulences économiques à prévoir «pour moi c'est du jamais vu. C'est un enjeu pour le monde entier, et c'est un enjeu pour nous», a-t-il dit.

 

Interpellée jeudi, la chef péquiste Pauline Marois a ironisé sur l'intention de Jean Charest de rappeler les députés au travail. Aucune avancée sérieuse ne peut être faite en si peu de temps, à plus forte raison à la toute veille du congé des Fêtes, a-t-elle expliqué. Selon elle, M. Charest «est en train de reprendre ses mauvais plis, de renouer avec ses anciennes habitudes».

 

Jean Charest ne saisit pas la perche toutefois quand on lui demande s'il pourrait ramener la Chambre unilatéralement, sans l'appui de l'opposition. «Je vais consulter Mme Marois, c'est ce que j'avais dit et c'est ce que je ferai. Tout sera fait visière levée» a-t-il promis.

 

La chef péquiste visiblement n'était pas très intéressée à ramener ses troupes à l'Assemblée la veille du congé des Fêtes. «Il nous convoquerait pour les 22 et 23 décembre, pour discuter d'un plan économique, la population n'est pas très attentive à ce moment. Cela risque d'être contre-productif. Est-ce qu'il a besoin de faire adopter une loi ? De faire adopter un budget pour faire face à la crise économique ? Moi je crois qu'à ce moment-là, deux jours, ce n'est pas suffisant.» Selon elle, il vaudrait mieux que Québec «fasse les choses de façon ordonnée» et convoque les députés comme prévu, le 13 janvier».

 

«Est-ce que M. Charest a d'autres motifs en voulant nous convoquer ? Est-ce qu'il veut changer de président plus vite ? Est-ce qu'il veut donner des prix de consolation aux gens qu'il n'aura pas nommés au Conseil des ministres ? Moi, je crois qu'on peut se poser la question.»

 

Pour M. Charest, même en deux jours, «il y a un certain nombre de choses qu'on peut faire. Et tout ce qu'on peut faire, on doit le faire», a-t-il insisté.